(BFI) – En Côte d’Ivoire, c’était l’événement le plus attendu du Salon de l’agriculture, lancé vendredi dernier pour une semaine : le lancement de la nouvelle saison de café-cacao 2023-2024. Avec, surtout, l’annonce du nouveau prix bord champ du cacao, très attendue par les planteurs.
Devant une audience pendue à ses lèvres, le ministre de l’Agriculture, Kobenan Kouassi Adjoumani, aura fait durer le suspense jusqu’à la fin de son discours. Car c’est un chiffre que tout le monde attendait : le prix garanti aux planteurs du kilogramme de cacao pour la nouvelle saison. « Tenez-vous bien ! Le kilogramme fermenté, bien séché et bien trié, est de 1 00 francs CFA », déclare le ministre sous les applaudissements. « De 900 francs, on est aujourd’hui à 1 000 francs. Si vous voyez bien, ce sont environ 210 milliards de francs qui s’ajoutent sur les revenus des paysans. »
Tous les acteurs de la filière étaient représentés, et certains planteurs ont laissé éclater leur joie, comme Assata Doumbia Koné, qui s’est réjouie de la hausse des cours du cacao sur les marchés mondiaux, liée aux mauvaises récoltes en Afrique de l’Ouest. « Dans mon champ, effectivement la production a baissé. Je pense que c’est l’offre et la demande… Nous, c’est ce qu’on cherche. Le prix, il est vraiment bien pour cette campagne »
« Pourquoi deux prix différents ? Nous sommes menacés… »
Un avis que ne partage pas Maurice Sawadogo. Ce producteur de café-cacao près d’Abengourou, à l’est du pays, dans un village situé à 18 kilomètres de la frontière, espérait voir la Côte d’Ivoire s’aligner sur les prix du Ghana. « C’est sur le même marché international que les deux pays vendent. Les deux pays sont en contact, ils travaillent [ensemble] sur l’initiative cacao », explique-t-il. « Pourquoi deux prix différents ? Nous sommes menacés… Avec le changement climatique, avec les maladies et autres. Et je suis désolé que nous ne prenions pas en compte le producteur. C’est un prix qui devrait aller contre la pauvreté en milieu rural. Ce prix-là ne peut pas les faire sortir de la pauvreté », déplore-t-il.
Durant la cérémonie, le directeur général du Conseil café-cacao, Yves Brahima Koné, a d’ailleurs mis en garde contre « la fraude aux frontières », c’est-à-dire la vente du cacao de Côte d’Ivoire hors de son territoire. « Je voudrais sur ce point dénoncer les compatriotes qui ont choisi leurs intérêts personnels au détriment de leur pays, notre chère Côte d’Ivoire. Nous serons intraitables pour démanteler ces organisations criminelles », prévient-il.
Le prix du café, lui, a été fixé à 900 francs CFA le kilo, soit 150 francs CFA de plus que la dernière campagne.