(BFI) – Comment apporter de la valeur ajoutée au secteur agricole en Afrique… La question est au cœur des réflexions des politiques publiques actuellement. Elle était également au cœur d’une conférence organisée par la Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde (FARM) à Paris. Parmi les éléments de réponse : ne plus exporter des produits agricoles bruts, mais transformés, et cela, grâce à des filières bien organisées.
« Nous n’arrivons pas à nous départir de nos lunettes uniquement agriculture. Il faut les donner de manière holistique en termes de système alimentaire, chaîne de valeur, etc. ». Sibiri Jean Zoundi est le directeur adjoint du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (CSAO), économiste spécialiste des questions agricoles.
« Je ne vous dirais pas combien coûte le kilowatt-heure au niveau de la région et l’énergie est essentielle pour le secteur de la transformation agroalimentaire, sans oublier également l’assiette fiscale qui constitue également un problème. Trop d’impôts et le système de taxation ne prévoit pas de mesures incitatives parce que si vous voulez que ce secteur se développe, il faut des mesures incitatives. Mais avant tout, c’est vraiment toute la volonté politique pour accompagner cela, ça ne peut que venir du pouvoir public. »
La nécessité d’avoir des routes
Pour Kolyand Palebele président du conseil d’administration de la Pan African Farmers’ Organization, construire les chaînes de valeurs et faire baisser les coûts commence par les infrastructures. « Justement, c’est à cause des routes, si l’on voit ça comme des infrastructures qui peuvent aider à réduire les coûts des produits agricoles, à permettre à la population d’avoir accès de manière permanente aux produits alimentaires, je pense qu’on aura franchement résolu une partie du problème. Ne voyons pas la route comme un luxe. Il faut construire les routes. »
Souvent pointé du doigt : le manque de financements, malgré les multiples programmes d’aides publiques dédiés à cela. « On l’a montré au sein de la fondation FARM quand on analyse les soutiens publics à l’agriculture et à l’alimentation, on voit bien à quel point les financements publics ne vont pas, ne sont pas organisés, ne sont pas fléchés vers la construction de filières vers l’investissement et l’accompagnement du secteur privé, finalement pas jusqu’aux producteurs ni aux transformateurs », souligne Matthieu Brun, le directeur scientifique de la Fondation pour l’agriculture et la ruralité dans le monde.
Un partenariat public-privé pour plus de financement
Parmi les solutions évoquées, le partenariat public-privé. Pour Marc Debets, président d’Apexagi, un bureau d’étude spécialisé dans le secteur, « un acteur privé va amener sa capacité d’investissement, de gérer des projets aidés par le gouvernement piloté par le gouvernement parce qu’il ne faut pas que cet acteur privé agisse dans son seul intérêt, donc ce qu’il fait doit être positif pour les populations locales et de façon à créer des infrastructures et créer des projets qui soient finançables parce qu’en fait, il y a une caractéristique incroyable, c’est qu’il y a beaucoup de financements international prêt à s’investir en Afrique, mais il manque de projets structurés. »
Autre élément évoqué, la formation des acteurs agricoles et de techniciens pour développer les structures de transformation.
Placide Onguéné