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Ces solutions pour libérer l’Afrique du joug de la dette

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(BFI) – Sur le qui-vive face aux défis économiques, ministres et dirigeants africains réclament une réforme des institutions de Bretton Woods.

Face à la dette croissante de l’Afrique, la communauté internationale tente avec difficulté de s’entendre sur les mécanismes financiers pour soutenir la région. De son côté, l’Afrique ne relâche pas non plus la pression. Dans le sillage des réunions de printemps de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international qui se sont tenues à Washington mi-avril, 45 ministères africains des Finances, de la Planification et du Développement économique se sont réunis au sein d’un cadre de travail de haut niveau pour lancer un appel à une action décisive afin de réformer l’architecture mondiale de la dette.

Des pays sur une ligne de crête dangereuse

Le continent subit lourdement le contrecoup de la guerre en Ukraine et de la pandémie. « La dette publique et l’inflation sont à des niveaux pas vus en plusieurs décennies » en Afrique subsaharienne, relevait, il y a peu, un rapport du FMI, intitulé « La grande pénurie de financement ».

La dette publique atteignait fin 2022 en Afrique subsaharienne 56 % du PIB, au plus haut depuis le début des années 2000, relève le FMI, qui a abaissé sa prévision de croissance pour la région cette année à 3,6 %. Pour l’organisation basée à Washington, plusieurs problèmes sont venus s’entrechoquer, de la hausse des coûts d’emprunt au contrecoup des dernières crises internationales, en passant par le tarissement de l’aide internationale. Leurs coûts d’emprunt sont trois fois plus élevés que ceux des États avancés, a calculé le Fonds. Et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a fait part également d’un recul de l’aide au développement en Afrique l’an dernier – à environ 30 milliards de dollars – alors qu’elle s’est envolée pour l’Ukraine.

À l’heure actuelle, 22 pays présentent un risque élevé de surendettement ou l’ont déjà atteint, a calculé la Banque mondiale dans un rapport publié début avril. Parmi eux, le Ghana et la Zambie, qui ont fait défaut, ainsi que le Malawi et le Tchad, sous assistance du FMI.

La Zambie illustre les difficultés de la communauté internationale à se mobiliser. Les négociations en vue d’une restructuration de sa dette, étape nécessaire pour débloquer le plan d’aide du FMI, sont en cours depuis deux ans, sans réel succès jusqu’ici. Ce processus fait partie du « cadre commun » du G20 pour la restructuration de la dette des États les plus pauvres, qui se heurte souvent à des blocages de la Chine, devenue un prêteur incontournable sur le continent.

L’aide internationale peine à émerger

Ces progrès poussifs font écho à d’autres promesses toujours pas tenues, comme celle de porter à 100 milliards de dollars par an les financements aux pays pauvres pour l’adaptation au dérèglement climatique ou celle de réallouer vers les pays vulnérables l’équivalent de 100 milliards de dollars de « droits de tirage spéciaux » du FMI, équivalent à une planche à billets de l’institution.

D’autres réformes concernant les banques de développement avec l’objectif de les faire davantage travailler ensemble, de leur faire prêter plus et de les encourager à faire participer le secteur privé sont aussi en discussion.

Un rapport conjoint de l’université de Boston, du Heinrich-Böll-Stiftung et de l’université de Londres, publié le 6 avril, montre que, sur une soixantaine de pays surendettés ou risquant de l’être, plus de 812 milliards de dollars de dettes doivent être restructurés. Or, jusqu’ici, seul le Tchad est parvenu à conclure un accord sous l’égide du cadre commun élaboré par le G20.

Quelques motifs d’espoir, cependant : le FMI a assuré que Pékin « va respecter ses engagements » sur la Zambie, tandis que l’Inde, qui dirige le G20 cette année, espère voir « rapidement » un accord sur la restructuration de la dette de plusieurs pays, dont le Ghana et la Zambie. La Chine estimait jusqu’ici que les institutions financières internationales (IFI) devaient aussi assumer une partie de la perte financière induite par la restructuration, une position qui semble avoir évolué ces derniers jours.

Plusieurs chantiers lancés par les ministres africains

C’est dans ce contexte que s’est tenue la 55e conférence des ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique du CEA, fin avril, autour de ministres, d’institutions panafricaines, telles l’Union africaine, Afreximbank ainsi que la Banque mondiale, et des personnels du FMI. L’objectif est double : renforcer la voix africaine sur ce dossier urgent, et accélérer l’agenda mondial, en mettant sur la table des propositions de réforme de l’architecture financière internationale.

Plusieurs rencontres de haut niveau sont prévues dans les prochains mois, comme la Table ronde sur la dette souveraine, une initiative conjointe de la présidence indienne du G20, du FMI et de la Banque mondiale. Une conférence internationale sur l’aide financière aux pays du Sud se tiendra aussi à Paris les 22 et 23 juin, ainsi qu’un sommet sur l’action pour le climat, tandis qu’un autre est également prévu sur l’ambition climatique et que le sommet sur les ODD se tiendra en septembre. Autant de rendez-vous que les dirigeants africains comptent transformer en opportunités. Parmi les autres objectifs, il y a le sujet majeur de la représentation du continent dans les instances internationales. Les ministres ont exprimé leur espoir que l’Afrique, représentée par l’Union africaine, obtienne enfin un siège permanent au G20, renforçant ainsi davantage sa voix sur la scène mondiale. Autre sujet de préoccupation : les notations de crédit, que de nombreux ministres jugent biaisées en ce qui concerne les pays africains.

In Le Point Afrique

Rédaction
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