(BFI) – Le Cameroun doit abriter, du 28 au 30 mai 2024, le 3e Congrès africain sur le numérique ferroviaire à Yaoundé, la capitale. L’événement, organisé par Camrail, le concessionnaire du chemin de fer camerounais, et l’Union internationale des chemins de fer (UIC), vise à amener les acteurs du secteur à tirer profit du digital pour augmenter la sécurité et améliorer la fiabilité, la rentabilité et l’expérience clients.
Camrail veut s’appuyer sur le 3e Congrès africain du numérique ferroviaire pour améliorer ses services. Aujourd’hui, le concessionnaire du chemin de fer camerounais travaille à digitaliser la maintenance de ses infrastructures, pour l’essentiel construites depuis l’époque coloniale et espère collecter des propositions lors du congrès pour poursuivre le processus. « Il s’agit notamment, outre les questions strictement liées au sponsoring, de proposer des pistes de réflexion et de solutions dans l’optique d’améliorer de manière significative la qualité des services qui sont aujourd’hui offerts. Les compagnies de téléphonie mobile proposent déjà des solutions, mais il faut poursuivre la réflexion. C’est aussi pour cette raison que des universitaires sont attendus à Yaoundé. Parce que l’université reste un haut lieu de la recherche », selon Pascal Miny, le directeur général de Camrail.
L’UIC est en effet convaincue que le système ferroviaire africain doit être plus digital pour répondre aux défis de demain. À ce sujet, dit-elle, le numérique est une opportunité qui peut apporter des solutions innovantes aussi bien pour le transport des passagers que pour le fret et les minerais, et permettrait de rattraper les retards du continent en matière de transport par voie ferrée. Selon cette organisation internationale, le contexte socio-économique africain devrait d’ailleurs permettre un développement « exceptionnel et rapide » de la digitalisation, dans la mesure où certaines applications numériques sont plus avancées en Afrique qu’en Europe ou en Amérique du Nord, à l’instar des paiements mobiles.
« La numérisation offrira aux économies africaines un moyen important de faire des progrès considérables, tant industriels que dans les services. Les nouvelles technologies apporteront ainsi des solutions innovantes au développement du ferroviaire, qui allie à la fois l’industriel et les services », soutient l’UIC. La localisation précise des trains, la digitalisation de la signalisation, la standardisation des interfaces à bord… sont autant d’avancées technologiques qui permettent de faire ce bond en avant. Le DG de Camrail affirme que la société est ouverte « à toute proposition pertinente » qui pourrait l’aider à faire ce saut.
Numérisation de la maintenance des voies
Il faut dire que Camrail expérimente la digitalisation depuis déjà quelques années. En 2017, la société a lancé une plateforme de billetterie électronique qui permet aux usagers d’acheter un ticket de train à partir d’une connexion Internet depuis un ordinateur, un téléphone portable ou une tablette. Une innovation qui rentre dans la même veine que l’achat des billets par paiement mobile à travers les opérateurs de télécoms Orange et MTN. La société affirme que ce mode de paiement permet aux voyageurs de réaliser des « économies substantielles » de temps (en évitant les rangs devant les guichets), et améliore l’accès aux tickets de train InterCity qui dessert Yaoundé à Douala, la métropole économique du pays.
Dans son processus de modernisation, Camrail a décidé d’innover en digitalisant la maintenance de ses infrastructures, pour l’essentiel construites depuis l’époque coloniale. À ce sujet, un contrat portant sur la mise en place d’un projet pilote numérique pour la maintenance de la voie ferrée Yaoundé-Douala a été signé le 20 septembre 2023 par le ministre des Transports, Jean Ernest Masséna Ngalle Bibehe, au nom de l’État du Cameroun, et le directeur général de l’entreprise belge Pepps Engineering Srl, Yannick Gilis. Dans le cadre de ce projet, il est prévu que l’entreprise belge aide à digitaliser les flux de maintenance qui régissent cette ligne de transport.
Actuellement, l’entretien se fait de manière mécanique, c’est-à-dire qu’il faut qu’une personne se rende sur le terrain et identifie un dysfonctionnement avant d’intervenir, indique le ministère des Transports. Le système numérique qui sera mis en place permettra d’anticiper certaines défaillances et également de suivre la maintenance à distance, ce qui permettra d’économiser du temps et des ressources, selon la même source. Sur ce qui sera fait concrètement, le DG de Pepps Engineering Srl a expliqué que des échanges de maintenance qui se font sur du papier vont être digitalisés grâce aux tablettes et ordinateurs, de manière à faire en sorte que l’information soit transférée rapidement et que les responsables de la maintenance puissent rapidement prendre des décisions pour minimiser les temps d’arrêt non planifiés.
Ce 3e Congrès africain sur le numérique ferroviaire intervient au moment où Camrail envisage de rénover 560 km de voies ferrées sur les tronçons Douala-Yaoundé et Belabo-Nganoundéré afin d’assurer l’interconnexion de l’Est du pays et de fluidifier les échanges avec le Tchad et la République centrafricaine (RCA). Cette réhabilitation, apprend-on, s’inscrit dans le cadre des investissements annoncés par plusieurs bailleurs, notamment la Banque européenne d’investissement (BEI), la Banque mondiale et l’Agence française de développement (AFD) pour financer la rénovation des chemins de fer du pays dans le but de faciliter la mobilité des personnes et l’acheminement des marchandises, comme l’indique l’agence Ecofin.
Avec l’Agence Ecofin