(BFI) – C’est le 20 décembre dernier que l’annonce a été officiellement faite. Le groupe MSC, premier armateur mondial, veut racheter Bolloré Africa Logistics. Dans une lettre adressée à l’ensemble du personnel, Cyrille Bolloré patron du groupe éponyme, affirme que MSC, partenaire de longue date a fait une offre pour l’acquisition de 100% de Bolloré Africa Logistics. » Cette offre concerne nos activités portuaires, ferroviaires et logistiques en Afrique ainsi que nos concessions portuaires en Inde, au Timor Oriental et en Haïti « , indique le responsable du groupe Bolloré dans sa lettre.
Concrètement l’offre d’achat faite, de façon exclusive, est de 5,7 milliards d’Euros (environ 3 738 milliards de Fcfa), représentant la base de la valeur d’entreprise. » Nous avons décidé en conseil d’administration d’étudier cette offre et de consentir à MSC une exclusivité jusqu’au 31 mars 2022, date à laquelle il devra nous remettre une promesse d’achat « , souligne Cyrille Bolloré. Ce n’est donc pas tout de suite que l’affaire va se conclure, dans la mesure où plusieurs étapes restent à franchir. Notamment la consultation des instances représentatives du personnel et l’obtention de l’accord des autorités de la concurrence compétentes ainsi que de certaines des contreparties de Bolloré Africa Logistics. Sans oublier un audit complémentaire.
Concernant le personnel, le patron du groupe Bolloré se veut rassurant quant à son avenir au sein de l’entreprise. » Je tiens à vous assurer que ce projet préserve les emplois, garantit la pérennité des activités et des engagements pris par le Groupe. Nous partageons avec MSC beaucoup de similitudes « , a-t-il précisé dans sa lettre du 20 décembre. Par ailleurs, l’entreprise affirme que même si cette opération de vente des actifs dans le secteur transport et logistique aboutit, le groupe Bolloré ne quittera pas pour autant l’Afrique. Il restera sur le continent à travers Canal+, premier opérateur de télévision payante en Afrique francophone et actionnaire important de Multi Choice, son penchant en Afrique anglophone, et poursuivra ses développements dans le divertissement, les télécoms, l’édition, etc.
Les raisons de la cession
Il faut dire que ce dossier est ouvert, selon le journal français » Le Monde « , depuis octobre dernier. C’est en effet à cette date que le groupe Bolloré, coté sur la bourse de Paris aurait engagé la banque américaine Morgan Stanley, pour tester l’intérêt de potentiels repreneurs de sa filiale Bolloré Africa Logistics. De grands noms de l’industrie maritime mondiale s’étaient alors penchés sur l’offre, notamment le français CMA CGM, le danois Maersk, le Dubaïote DP World, le chinois Cosco Shipping et le Suisse MSC, qui a pour le moment la préférence du Groupe Bolloré.
La logistique africaine du groupe français c’est une trentaine d’années d’existence, 20 800 collaborateurs, la présence dans 42 ports tant qu’opérateur de terminaux portuaires, agents maritimes ou encore manutentionnaire de marchandises. Comme l’a rapporté l’agence Ecofin, Bolloré Africa Logistics est l’un des plus anciens segments d’affaires où le groupe français a réalisé d’importantes marges. » Mais depuis 2018, les performances de Bolloré Africa Logistics sont en recul. En 2020 son chiffre d’affaires a connu sa plus forte baisse depuis des années (-10%) « , peut-on lire dans un article de l’agence datant d’octobre 2021. Une baisse de performance justifiée par l’impact de la covid-19 sur les chaînes d’approvisionnement dans le monde, mais aussi la fin de sa concession sur la gestion du terminal à conteneurs de Douala au Cameroun.
MSC (Mediterranean Shipping Company), en pole position dans le rachat de la branche africaine de Bolloré, est une entreprise mondiale active dans le secteur du transport maritime et de la logistique. Fondée en 1970 en Italie et basée à Genève, en Suisse, depuis 1978, MSC est présente dans 155 pays. Elle facilite, sous la direction de la famille Aponte, le commerce international entre les principales économies du monde et entre les marchés émergents sur tous les continents, grâce à une flotte de 600 navires et plus de 100 000 employés, entre autres.