(BFI) – Les membres régionaux et non régionaux de la Banque africaine de développement – parmi lesquels plusieurs pays européens – éliront le prochain président dans un mois. Depuis son siège à Abidjan, la première institution financière d’Afrique procède aux derniers réglages et place la mobilisation du capital auprès des pays africains et l’appui des partenaires internationaux au centre de ses assemblées annuelles.
Objectifs de développement durable des Nations Unies, Accord de Paris sur le climat, Agenda 2063 de l’Union africaine… Comment la Banque africaine de développement (BAD) a contribué à faire avancer le continent sur ces programmes stratégiques tout en implémentant sa stratégie High 5 ? Cette année est en effet une année bilan pour la première institution financière du continent qui va fermer la porte des dix ans de leadership d’Akinwumi Adesina. Le leader nigérian – qui a initié deux augmentations du capital à 318 milliards de dollars aujourd’hui contre 93 milliards de dollars à son arrivée en 2015 – met récemment en lumière quelques-unes de ses réalisations, notamment dans le domaine des énergies vertes à travers l’électrification, mais aussi l’agriculture, les infrastructures, …
Si les chiffres globaux des financements décaissés par la Banque pendant dix ans ne sont pas encore disponibles et certaines critiques émergent autour de la concrétisation de certains projets, l’institution met avant les nombreux projets financés dans plusieurs domaines dont l’agriculture – pour construire la sécurité et la souveraineté alimentaire du continent, les infrastructures en tout genre – pour favoriser la circulation des biens et des personnes ou encore l’énergie, devenue phare. « L’avenir de l’Afrique est dans les énergies renouvelables », estime Adesina qui a lancé cette année le programme Mission 300 avec la Banque mondiale, afin d’électrifier 300 millions des 600 millions d’Africains encore privés d’électricité, tout en soutenant l’idée de l’usage du gaz pour moderniser le quotidien des populations.
A Abidjan où la BAD a ses quartiers généraux, les derniers réglages sont en cours pour accueillir les 6 000 participants aux assemblées annuelles de la Banque où il sera principalement question de trouver les voies et moyens pour mobiliser davantage de capital au sein du continent, mais aussi auprès des partenaires de l’Afrique dont plusieurs figures parmi les actionnaires de la Banque et siègent au sein de son puissant Conseil des gouverneurs où est élu le président.
Les pays membres choisiront parmi cinq candidats
Outre les 54 pays africains, les 28 pays membres non régionaux sont issus d’Europe, d’Amérique, d’Asie et du Moyen-Orient. Ainsi, y figurent la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie…, aussi bien que les États-Unis, le Canada, la Chine, le Japon ou encore l’Arabie Saoudite, la Turquie et les Emirats arabes unis pour ne citer que ceux-là. Tous vont voter pour le prochain président.
Cinq candidats sont en lice : le Mauritanien Sidi Ould Tah – ancien président de la BADEA qui représente l’Afrique du nord ; le Sénégalais Amadou Hott – ancien ministre de l’Economie et des Finances qui court pour l’Afrique de l’Ouest ; le Zambien Samuel Maimbo – ancien vice-président à la Banque mondiale et la Sud-africaine Swazi Tshabalala – ancienne vice-présidente principale à la BAD portent les couleurs de l’Afrique australe, tandis le Tchadien Abbas Mahamat Tolli représente l’Afrique centrale. Leur campagne se poursuit, notamment aux réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI qui se tiennent cette semaine à Washington et où les candidats essaient de s’arracher le soutien de certains pays membres notamment non régionaux de la BAD.
Un contexte international particulier
Dans un contexte économique assez particulier, fait d’instabilités et d’incertitudes accentuées par la guerre commerciale Etats-Unis – Chine et qui ne laisse en reste les autres régions du monde, y compris l’Afrique, les institutions du continent se creusent les méninges, explorant les routes de sorties. Lors d’une récente conférence de presse, le secrétaire général de la BAD, Vincent Nmehielle, a mis en évidence le mindset actuel de la Banque. « Nous avons peut-être l’opportunité de tracer notre propre voie », a-t-il déclaré, soulignant les atouts du continent tels que son capital humain, naturel et commercial, ainsi que l’appui de ses partenaires pour qui la coopération représente encore une stratégie gagnante. Le prochain président de la BAD devra, en tout cas, composer avec toutes ces réalités.
La Tribune Afrique