(BFI) – Financé par les institutions de Bretton Woods et l’Union européenne, cette innovation qu’accompagnent certaines banques et les sociétés de téléphonie mobile dans le cadre du projet Patapaye, offre une alternative de paiement sécurisé et facilement accessible, en plus des transferts bancaires et des versements directs en cash.
Les autorités annoncent l’intensification à travers 14 préfectures de la République centrafricaine au moins, de la campagne d’enrôlement des fonctionnaires et agents de l’Etat dans le but de généraliser le paiement électronique des salaires par Mobile Money. Cette campagne marque un passage à la vitesse supérieure pour le projet Patapaye financé par la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et l’Union européenne, et dont la phase test avait été lancée en 2020 avec un échantillon d’environ 250 salariés. La première phase de ce projet qui bénéficie de l’accompagnement des sociétés de téléphonie mobile, notamment Telecel et Orange, a permis d’enrôler 94% des fonctionnaires dont les salaires sont domiciliés à Ecobank Centrafrique et la Banque populaire maroco-centrafricaine (BPMC). La Banque sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce (BSIC), la dernière banque à avoir ouvert ses portes en RCA, est également mise à contribution pour la suite de l’opération.
L’objectif n’est pas forcément de faire migrer les près de 19000 fonctionnaires et agents de l’Etat centrafricains – ce chiffre émane du comptage physique certifié de septembre 2023 par le ministère de la Fonction publique – vers ce mode de paiement, mais cette innovation vient donner au gouvernement une alternative de paiement sécurisé et facilement accessible par les bénéficiaires, en plus des transferts bancaires et des versements directs en cash. Pour le gouvernement, le projet Patapaye contribue à la restauration de l’autorité de l’Etat et à rendre disponible les services publics aux citoyens sur toute l’étendue du territoire national. Il constitue enfin une alternative à la faible bancarisation du pays, au moment même où la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) fait preuve de flexibilité en considérant les comptes Mobile Money comme des comptes bancaires à part entière. Dans son rapport sur les services de paiements en au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) en 2022, publié fin 2023, l’institut d’émission commun aux 6 pays de cet espace communautaire explique comment l’invasion de la monnaie électronique à boosté le taux de bancarisation réelle, qui se situait à la date sous revue à plus de 60% de la population.
Au moment du lancement du projet Patapaye, en mars 2020, le gouvernement avait expliqué que la solution du Mobile Money participait d’une stratégie visant « à couper court aux fraudes, à la corruption, aux détournements dans les régions qui subissent la loi des groupes armés ». Il était donc question les fonctionnaires basés dans des zones reculées ou touchées par l’insécurité puissent accéder facilement à leur salaire, mais aussi permettre aux entreprises de faire leurs déclarations d’impôts et autres paiements en ligne.
Avec Ecomatin