(BFI) – Le secrétaire général du Comité national économique et financier du Cameroun et directeur national de la BEAC, Pierre-Emmanuel Nkoa Ayissi (photo), a présenté, le 20 juin dernier à Yaoundé, la plateforme « BankCompar » comme étant « une plateforme multimodale qui permettra de comparer les tarifs bancaires et de simuler le coût réel des crédits, dans le but d’aider les consommateurs de services bancaires à mieux s’informer ».
Gratuit et accessible depuis un téléphone, une tablette ou un ordinateur, BankCompar permet aux utilisateurs de comparer les tarifs de 17 services bancaires courants (carte bancaire, virement, retrait…), ainsi que de consulter la liste des 22 services bancaires gratuits définis par le règlement COBAC R-2020/04. La plateforme comprend aussi un simulateur qui permet, pour tous les types de crédits (consommation, immobilier, découvert…), d’évaluer les taux appliqués par chaque établissement et de vérifier leur conformité avec le taux d’usure, c’est-à-dire le taux maximum légal.
« Le simulateur offre aussi la possibilité d’évaluer de manière extrêmement simple, voire ludique, les coûts de crédits proposés par les établissements bancaires à toutes les catégories de clientèles » a expliqué Pierre Emmanuel Nkoa Ayissi.
Ce nouvel outil vise notamment à réduire l’asymétrie d’information entre les banques et leurs clients, dans un contexte où les conditions de rémunération des dépôts et d’octroi des crédits restent souvent floues. En 2022, une enquête du CNEF révélait déjà que la majorité des banques au Cameroun manquaient de transparence quant à la rémunération des comptes d’épargne. Sur les 17 banques recensées, seules la BICEC et la SCB respectaient les règles en vigueur, en indiquant dans les conventions les modalités précises de calcul des intérêts créditeurs. Les autres institutions se contentaient de formulaires standardisés, privant ainsi les clients de toute possibilité d’anticiper ou de vérifier les intérêts réellement versés.
L’enquête révélait aussi une dérive liée à la digitalisation. Certaines banques permettaient l’utilisation des comptes d’épargne comme des comptes courants via des cartes ou des applications mobiles. Une pratique contraire à la réglementation, qui engendre des frais supplémentaires (assurances, cartes, services) et réduit la rémunération des épargnants, les intérêts étant calculés par quinzaine.
Enfin, BankCompar pourrait stimuler la concurrence entre établissements de crédit, et ainsi contribuer à la baisse des coûts bancaires. « Désormais, les banques sauront que leurs offres sont visibles, comparables et jugées par les clients. Celles qui appliquent des frais abusifs ou des taux non conformes s’exposent à des risques de réputation », estime un expert financier. Une avancée nécessaire dans un contexte où le coût moyen du crédit dans la zone CEMAC reste élevé. Selon la BEAC, le Taux Effectif Global (TEG) est passé de 8,40 % à 10,45 % entre le 1er trimestre 2023 et le 1er trimestre 2024.
À propos du TEG, Pierre-Emmanuel Nkoa Ayissi précise qu’il s’agit du coût réel du crédit payé par le client. « Ce coût intègre, outre les intérêts (visibles), toutes les charges connexes souvent moins claires pour les clients non avertis : frais de dossier, assurances, constitution de garantie, frais de notaire, impôts, taxes, commissions diverses, etc. », ajoute-t-il.
Or, en 2020, une enquête menée auprès des établissements de crédit a révélé plusieurs dysfonctionnements. Les TEG calculés par la plupart des banques ne sont pas conformes à la norme méthodologique indiquée par la BEAC. De plus, certaines banques ne disposent pas d’outil permettant de calculer le TEG des crédits non amortissables. C’est le cas notamment pour les découverts, cautions, affacturages ou escomptes.
Paul Nkala