(BFI) – Après avoir levé 350,5 milliards Naira (123 milliards FCFA) et renforcé sa capitalisation à 160%, le géant bancaire nigérian choisit Abidjan comme tremplin stratégique en Afrique de l’Ouest. Un pari audacieux sur le marché bancaire de l’UEMOA, où la bataille pour capter les flux financiers régionaux s’annonce plus intense que jamais. La Côte d’Ivoire, leader bancaire de l’UEMOA avec 35,6% de parts de marché, apparaît comme un choix stratégique pour cette banque de renom.
Zenith Bank, l’un des plus grands groupes bancaires nigérians, s’apprête à faire son entrée sur le marché ivoirien cette année 2025, a annoncé Olukayode Akinbinu, directeur de la stratégie de la banque à Bloomberg. Cette entrée marque une étape clé dans sa stratégie de pénétration des marchés d’Afrique francophone, où le groupe n’était jusqu’alors pas présent.
Selon Akinbinu cité par Bloomberg, le Cameroun constitue également une cible prioritaire et fera l’objet d’une implantation « dès que possible ». Le groupe envisage soit de créer de nouvelles filiales, soit d’acquérir des banques existantes au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC).
Pour soutenir cette ambition internationale, Zenith Bank prévoit d’y allouer 40% des fonds levés cette année. Début janvier, une émission de droits de souscription et une offre publique largement sursouscrite ont permis de récolter 228 millions de dollars, portant le capital total de la banque à 402 millions de dollars, dépassant ainsi les exigences réglementaires de la Banque centrale du Nigeria.
Par ailleurs, avec des actifs totaux s’élevant à 29,6 milliards de dollars et un bénéfice avant impôt en hausse de 67% en 2024 pour atteindre 849 millions de dollars, Zenith Bank dispose d’une solide assise financière pour conduire sa stratégie d’expansion.
Pourquoi la Côte d’Ivoire ?
Le choix de la Côte d’Ivoire comme porte d’entrée en Afrique francophone s’explique par le dynamisme et la stabilité de son économie. Première puissance économique de l’UEMOA, le pays contribue à hauteur de 40% au PIB de la zone et représente 42% de ses exportations. Il a en outre la base industrielle la plus diversifiée et la plus développée de la région.
Depuis 2012, la Côte d’Ivoire affiche une croissance robuste, s’établissant autour de 6,5% en 2023 et 6% en 2024, soutenue par la transformation locale, la diversification des exportations et le développement des secteurs pétrolier et gazier. L’inflation, maîtrisée, devrait converger vers l’objectif de 3% fixé par l’UEMOA dès 2025, selon le FMI.
La Côte d’Ivoire figure d’ailleurs parmi les rares économies subsahariennes à avoir accès aux marchés financiers internationaux, un indicateur de confiance pour les acteurs du secteur bancaire.
Une tendance régionale
Cette stratégie reflète une tendance plus large des banques nigérianes depuis 2016. Face aux incertitudes économiques domestiques, elles diversifient géographiquement leurs activités pour réduire les risques et identifier de nouveaux relais de croissance. L’implantation ivoirienne de Zenith Bank illustre parfaitement cette course à l’internationalisation des géants bancaires ouest-africains, dans un contexte de concurrence accrue pour capter les flux financiers régionaux en pleine expansion.
A noter qu’en plus du Nigéria, Zenith est déjà présente au Ghana, en Sierra Leone et en Gambie, et possède des bureaux en Afrique du Sud, au Royaume-Uni, en France, en Chine et à Dubaï.
Elise Nguélé