(BFI) – Les opérateurs du transport urbain et interurbain au Cameroun viennent de saisir le Premier ministre, pour demander une revalorisation des tarifs dans leur secteur d’activité, après l’augmentation des prix des carburants à la pompe survenue dans le pays depuis le 1er février 2023.
« Sans un débat contradictoire avec les syndicats des transports routiers, le gouvernement a décidé de l’augmentation des prix des carburants à la pompe. (…) Réunis ce jour à la bourse du travail de Messa, les syndicats (…) ont convenu, pour être en capacité de supporter les charges supplémentaires inhérentes à la hausse du super et du gasoil, d’exiger l’augmentation des prix des transports routiers… », peut-on lire dans la correspondance adressée le 2 février 2023 au chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute.
Dans le détail, les syndicalistes recommandent au chef du gouvernement une augmentation de 250 à 300 FCFA du prix du transport par taxi en journée, ce qui correspond à une hausse de 20%. Pour le transport de nuit, le tarif proposé est de 400 FCFA contre 300 FCFA actuellement, soit une augmentation de 100 FCFA correspondant à une hausse de 33,33% en valeur relative. Ces mêmes opérateurs suggèrent au gouvernement une augmentation du tarif du transport interurbain à 16 FCFA le kilomètre. « Dans la certitude d’une rencontre imminente avec le gouvernement, pour la prise en compte de nos doléances, nous nous réservons le droit d’engager toute action reconnue au syndicat et susceptible de nous faire entendre », écrivent les syndicalistes du secteur des transports.
En clair, en l’absence d’une réaction gouvernementale, il n’est pas exclu qu’un mot d’ordre de grève soit lancé dans les prochains jours, pour contraindre le gouvernement à négocier. En juillet 2014, date de la dernière hausse des prix des carburants et des transports dans le pays, pareille stratégie avait déjà permis aux professionnels du secteur des transports d’obtenir une augmentation des tarifs de 20 à 25% en urbain et interurbain. Ceci, en plus de la réduction de 50% de la taxe de stationnement et de la taxe à l’essieu, respectivement payées par les transporteurs en commun et les camionneurs.
Mais cette fois-ci, les transporteurs se font plus exigeants. En plus de la hausse des tarifs demandée au gouvernement, les syndicalistes énumèrent de nombreuses autres doléances. Celles-ci vont de la lutte contre le transport clandestin et les tracasseries des forces de l’ordre sur la route, à la « suppression immédiate des nouvelles taxes fiscales sur tous les titres pour les professionnels du domaine », le détachement du paiement de la vignette de la prime d’assurance, ou encore la « baisse immédiate des tarifs d’assurances… ».
En attendant d’éventuelles négociations qui s’annoncent houleuses entre les syndicats des transporteurs et le gouvernement, l’augmentation des tarifs qui se profile à l’horizon devrait davantage doper l’inflation dans le pays, puisque les coûts du transport impactent généralement toute la chaîne commerciale. Selon le FMI, le taux d’inflation au Cameroun est projeté à 6% en 2023, soit le double des 3% tolérés dans la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale). Cette projection devrait avoir pour conséquence l’érosion du pouvoir d’achat des ménages, en dépit de la revalorisation de 5,2% des salaires dans la Fonction publique, décidée par le gouvernement en guise de mesure d’accompagnement de la hausse des prix du super et du gasoil à la pompe.