(BFI) – Les défis de financement de l’Etat gabonais, dirigé par le militaire Brice Oligui Nguema depuis le coup d’Etat du 30 août 2023, se compliquent avec la décision de Fitch Ratings, qui estime que le pays aura plus du mal à rembourser ses dettes en 2025. L’agence de notation a abaissé la note, déjà spéculative, des emprunts du Gabon à un niveau encore plus négatif.
Plusieurs raisons expliquent cette décision. Le Gabon est confronté à une fragilité persistante dans la gestion de ses finances publiques et de sa dette. Il a accumulé des arriérés, tant envers ses créanciers officiels qu’envers les privés. Cette situation a érodé la confiance des investisseurs et réduit l’accès à de nouveaux financements, notamment auprès des créanciers officiels. Par ailleurs, la politique budgétaire, adoptée depuis le changement de régime, qui privilégie plus de dépenses, a aggravé le déficit budgétaire et augmenté les besoins de financement du pays par rapport à ses recettes.
Une opportunité de sortie de crise existe avec la signature d’un accord avec le Fonds monétaire international (FMI), mais deux principales contraintes pèsent sur une telle démarche. Premièrement, il n’est pas certain que l’institution de Bretton Woods réalisera des avancées significatives avant la fin du processus électoral d’avril 2025. Deuxièmement, cette actualité politique se traduit souvent, en Afrique subsaharienne, par une augmentation des dépenses publiques pour tenter de capitaliser sur les voix des électeurs.
En parallèle, l’économie gabonaise reste fortement dépendante des revenus issus des hydrocarbures, ce qui accentue sa vulnérabilité aux chocs externes. La baisse attendue des prix du pétrole, à 70 $ le baril en 2025 et à 65 $ en 2026, aura un impact significatif sur les revenus du pays, augmentant ses besoins de financement. Cette dépendance pétrolière expose le Gabon aux fluctuations des marchés mondiaux du pétrole, compliquant l’accès aux marchés de la dette, lorsque les revenus pétroliers diminuent.
De plus, la confiance des investisseurs, tant au niveau local qu’au sein de la CEMAC, s’est fortement affaiblie. L’appétit pour la dette publique gabonaise a chuté, particulièrement au cours du second semestre 2024. Cette tendance a été aggravée par des paiements manqués, ce que Fitch a qualifié d’échange de dette en difficulté pour un autre membre de la CEMAC, la République du Congo. Cette situation complique la capacité du Gabon à lever des fonds sur le marché régional. L’accumulation d’arriérés et les perspectives incertaines concernant la gestion des finances publiques continuent de miner la confiance des investisseurs, limitant l’accès aux financements et rendant le contexte financier du Gabon préoccupant.
Plus globalement, la dégradation de la situation économique montre que les questions économiques sont souvent complexes et ne peuvent se résoudre par un simple changement de dirigeants. Les nouveaux dirigeants gabonais s’étaient montrés très critiques envers leurs prédécesseurs et promettaient des changements rapides. Pour l’instant, la réalité semble les rattraper. Ancien leader d’opinion très critique envers l’ancien régime, Mays Mouissi, a passé 16 mois à la tête du ministère de l’Economie et des Participations au sein du gouvernement de la transition. Il est, depuis le 15 janvier, ministre de l’Environnement et du Climat.