(BFI) – En République du Congo, la majorité de femmes entrepreneures éprouve de sérieuses difficultés à accéder aux crédits bancaires pour financer leurs unités économiques, d’après une étude réalisée par le Centre d’études et de recherche sur les analyses politiques et économiques (Cerape), présentée à la presse le 22 août à Brazzaville.
L’étude a été réalisée entre août 2023 et août 2024 par quatre chercheuses du Cerape, à savoir Geneviève Bangamboulou, Jeanne Gertrude Manda Yassé, Patricia Solange Makaya et Rhone Guyanne Mboungou, sous la direction du coordonnateur régional dudit centre, Jean-Christophe Mboungou Bazika.
L’enquête a été menée sur le thème « Les contraintes d’accès au financement bancaire et aux TIC, une analyse de l’entrepreneuriat féminin au Congo », sur la base des données d’une étude menée en 2017 par l’Institut national de la statistique.
Les résultats de la recherche réalisée pendant douze mois auprès d’un échantillon de femmes gestionnaires des très petites et moyennes entreprises et artisanales révèlent quelques soucis majeurs et des anomalies qui empiètent sur l’envol de l’entrepreneuriat féminin au Congo. Il ressort que 98,3% de femmes animant des unités économiques n’ont pas accès aux crédits bancaires, un réel obstacle qui freine l’épanouissement de leurs entreprises, selon l’étude.
« Ce manque d’accès aux crédits s’explique par plusieurs facteurs : les facteurs internes et externes. S’agissant des facteurs internes, l’étude a relevé que 81,6% de femmes ne disposent pas de compte bancaire et 30,7% d’entre elles se retiennent à solliciter un crédit de peur que leurs unités soient hypothéquées au cas où elles n’arriveraient pas à le rembourser », expliquait Patricia Solange Makaya, l’une des chercheuses du Cerape aux médias.
La même enquête a relevé le faible niveau d’instruction, de formation et d’expérience professionnelle des femmes entrepreneures au Congo en gestion et en administration. Celles-ci, précise l’étude, manquent aussi de connaissances des structures d’appui de l’Etat en matière d’accompagnement de leurs petites et moyennes entreprises.
En ce qui concerne des facteurs externes, l’enquête relève que 38% des entrepreneures considèrent que les démarches administratives sont trop complexes. Le Cerape a noté aussi que 40,3% de ces femmes déplorent les exigences des garanties bancaires et considèrent le taux d’intérêt trop exorbitant par rapport à leur capital.
Le manque d’accès aux TIC, un autre blocus
Hormis l’inaccessibilité aux crédits bancaires, l’enquête du Cerape montre aussi que les femmes entrepreneures éprouvent également des difficultés à accéder aux techniques de l’information et de la communication. Un domaine aussi capital dans le développement des entreprises.
« En ce qui concerne les TIC, les résultats obtenus montrent que 13,5% d’entreprises dirigées par les femmes utilisent l’ordinateur pour effectuer leurs opérations financières. Cela se justifie, entre autres, par leur faible niveau d’instruction, le manque de formation dans le domaine des TIC et l’ignorance de l’importance des TIC dans l’activité entrepreneuriale », a précisé Rhône Guyanne Mboungou.
« A l’issue de l’enquête, nous avons adopté plusieurs recommandations à l’endroit des décideurs et différentes parties prenantes résumées en trois parties afin de permettre aux femmes entrepreneures d’accéder aux crédits bancaires ; d’assouplir les exigences de garantie et sensibiliser, via les médias, ces dernières aux mécanismes d’accès aux crédits bancaires », affirmait la chercheuse Geneviève Bangamboula Mapassi.
De son côté, Jean Christophe Mboungou Bazika a fait savoir que le Cerape est un centre de recherche, un groupe d’enseignants-chercheurs de l’Université Marien-Ngouabi de Brazzaville, formé le 15 novembre 2002. Il vise à constituer un cadre viable d’échanges et de partage de connaissances entre chercheurs, à réaliser des travaux de recherche sur les questions économiques et sociales, à diffuser des résultats de recherche auprès des décideurs, afin de contribuer à l’amélioration des performances économiques publiques.