(BFI) – Selon les données compilées par l’Institut national de la statistique (INS) dans son dernier rapport sur le commerce extérieur du Cameroun, Les exportations du cacao et ses dérivés ont généré aux industriels et exportateurs en activité au Cameroun une enveloppe totale de 385,1 milliards de FCFA en 2021.
Dans le détail, les expéditions de fèves camerounaises vers le marché international ont rapporté 269 milliards de FCFA (contre 288,7 milliards de FCFA, selon l’Office national du cacao et du café, NDLR). Ce qui correspond à 11,3% de l’ensemble des recettes d’exportations du pays au cours de l’année sous revue. La pâte et le beurre de cacao ont quant à eux généré respectivement 73,5 milliards (3,1% des recettes globales d’exportations) et 42,6 milliards de FCFA (1,8%).
L’épaisseur de l’enveloppe ainsi engrangée par les exportateurs et les industriels, et qui représente 16,2% des recettes d’exportations globales du Cameroun en 2021, ferait pâlir d’envie tout producteur local. En effet, toutes les analyses sur la filière cacao s’accordent sur ce que le producteur est depuis des lustres le parent pauvre de l’industrie cacaoyère, en dépit du rôle prépondérant qui y est le sien.
Concrètement, selon les données de l’Organisation internationale du cacao (ICCO), souvent citées par le ministre camerounais du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, le chiffre d’affaires annuel de l’industrie cacaoyère mondiale culmine à 100 milliards de dollars américains. Sur cette enveloppe, seulement 2 milliards de dollars, soit 2%, reviennent aux producteurs. Les chocolatiers se taillent la part du lion avec 35% du chiffre d’affaires, tandis que le reste revient aux industries de broyage et aux transporteurs.
Union européenne
Au Cameroun, afin de catalyser une meilleure rémunération du travail des producteurs, le gouvernement et le Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC) multiplient les initiatives. C’est le cas de l’instauration de la prime à la qualité, qui permet de combattre la décote de la fève camerounaise sur le marché international et de récompenser les cacaoculteurs produisant des fèves de qualité. Dans le même sillage, avec le concours des maîtres chocolatiers français, le CICC met en place dans les bassins de production du pays des centres de traitement post-récolte du cacao, dont les produits sont achetés aux producteurs jusqu’à 1 650 FCFA le kilogramme.
Au-delà de ces initiatives locales, le Cameroun s’inscrit dans la dynamique africaine globale, qui vise à obtenir une juste rémunération des producteurs de fèves. C’est ainsi qu’après le Ghana et la Côte d’Ivoire, le Cameroun a engagé le 18 novembre 2021 à Yaoundé, avec l’Union européenne (UE), premier importateur de cacao mondial, le « Cocoa Talks », traduit en français par « dialogue sur la production du cacao durable ». Selon les explications du chef de la délégation de l’UE au Cameroun, Philippe Van Damme, ce dialogue vise non seulement à contribuer à la lutte pour l’élimination du travail des enfants et la traite des enfants dans la chaîne de valeur du cacao, à renforcer la protection et la restauration des forêts dans les régions cacaoyères, mais aussi à assurer un revenu minimum vital aux cultivateurs de cacao.
À l’occasion, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, a fait observer que la partie européenne semble ne pas mettre l’accent sur l’augmentation du revenu des producteurs. « La durabilité rime avec la protection de l’environnement, l’interdiction du travail des enfants, mais au final, la prospérité des producteurs. C’est ce triptyque-là que nous voulons voir prendre en compte dans les discussions », a déclaré le membre du gouvernement. Selon lui, le prix bord-champ est encore insuffisant au Cameroun, même s’il a progressé de 700 FCFA le kilogramme dans les années 1990 à des pics de 1 500 FCFA à certaines périodes.