(BFI) – L’État camerounais a récemment pris une décision forte en retirant à plusieurs multinationales les permis d’exploitation de trois gisements miniers stratégiques, pour les transférer à la Société nationale des mines (Sonamines), son bras opérationnel dans le secteur. Il s’agit du gisement de Nkamouna-Lomié (cobalt, nickel, manganèse), précédemment attribué à Phoenix Mining ; du gisement de rutile d’Akonolinga, anciennement sous le contrôle de Eramet Cameroun ; et du gisement diamantifère de Mobilong-Limokoali, détenu par la sud-coréenne C&K Mining.
L’État camerounais a rétrocédé trois importants gisements miniers à la Sonamines, qui se tourne désormais vers des partenaires techniques et financiers pour en assurer le développement. Ces décisions, contenues dans plusieurs arrêtés du ministère des Mines, replacent la Sonamines au cœur de la stratégie nationale de développement du secteur minier. Mais elles posent aussi la question de sa capacité à valoriser seule ces actifs d’envergure. Dans une interview exclusive accordée au confrère EcoMatin paru le 20 juillet 2025, le directeur général de la Sonamines, Serges Hervé Boyogueno, précise que la valorisation des gisements passera par la sélection de partenaires techniques et financiers. « La rétrocession à la Sonamines vise notamment la valorisation des gisements inexploités et le développement du secteur minier, avec la Sonamines comme bras opérationnel de l’État. »
Conformément à l’article 93 alinéa 2 du décret encadrant les activités minières, la société publique doit d’abord procéder à l’audit des investissements réalisés sur ces projets par leurs anciens titulaires. « Nous préparons un audit de ces actifs, a déclaré le DG. Une fois l’évaluation terminée, nous aurons une idée précise de leur valeur, ce qui nous permettra de sélectionner les partenaires adéquats pour leur développement. »
Malgré son potentiel, le Cameroun ne dispose actuellement d’aucune mine industrielle en activité. L’exploitation minière reste essentiellement artisanale. En 2022, le secteur ne représentait que 1 % du PIB, selon les données officielles. La création de la Sonamines en 2020 répondait à la volonté de structurer un secteur minier jusque-là dominé par des projets dormants ou mal encadrés, en diversifiant les ressources du pays face à l’essoufflement des revenus pétroliers.
Précisons que le potentiel des gisements rétrocédés à la Sonamines est énorme. Les études de faisabilité produites par la société Eramet, mettent en exergue une ressource économiquement exploitable estimée à un million de tonnes (MT) de rutile haute teneur. Celles de la société Geovic Cameroon S.A., présentent une ressource évaluée à 68 millions de tonnes de minerai avec 0,26% de cobalt ; 0,66% de nickel et 1,48% de manganèse. Celles de la société C&K Mining Inc ont été évaluées à 420 millions de carats, rapporte la Sonamines.