(BFI) – Le Cameroun se prépare à une année budgétaire 2026 particulièrement exigeante. Selon le projet de loi de finances présenté au Parlement, le déficit budgétaire devrait plus que doubler pour atteindre 631 milliards de Fcfa, contre 309,9 milliards de Fcfa en 2025, soit une augmentation de 103,61%. Une dérive principalement alimentée par une augmentation significative des dépenses destinées à soutenir l’activité économique dans un environnement international toujours instable.
Cette évolution marque un tournant dans la stratégie budgétaire du pays, qui fait face à des pressions à la fois externes et internes, tout en cherchant à maintenir la dynamique de croissance.
La structure de l’économie camerounaise expose fortement le pays aux fluctuations internationales. Fortement dépendant des importations de carburant, de blé et de véhicules, le Cameroun subit de plein fouet la volatilité des prix sur les marchés mondiaux. Cette dépendance pèse lourdement sur ses finances publiques, particulièrement en période de hausse des prix et d’instabilité géopolitique. Face à ces défis, le gouvernement n’a d’autre choix que de mobiliser davantage de ressources afin de préserver la résilience économique et sociale du pays.
Un budget 2026 en forte hausse pour soutenir l’activité
Pour répondre aux besoins croissants, le gouvernement propose un budget de 8 816,4 milliards de Fcfa, en progression de 14% par rapport à 2025. Cette hausse est portée par plusieurs postes de dépenses structurants notamment l’augmentation de la masse salariale, la hausse des dépenses de biens et services, le renforcement des transferts, l’alourdissement du service de la dette. Ce choix traduit la volonté de maintenir l’effort public, notamment dans un contexte où l’activité économique repose en grande partie sur l’investissement de l’État.
Malgré le durcissement des équilibres budgétaires, les perspectives économiques restent relativement positives. Le gouvernement anticipe une croissance de 4,3% en 2026, contre 3,9% en 2025.
Selon l’exécutif, cette progression serait soutenue par la bonne tenue du secteur non pétrolier, alors que le secteur pétrolier, plus volatil, devrait connaître une légère contraction de 0,1%. Dans le même temps, l’inflation devrait se modérer, baissant de 0,2 point par rapport au taux actuel de 3,2%, apportant un répit aux ménages.
Des besoins de financement massifs
Le doublement du déficit implique un recours accru aux emprunts. Pour couvrir ses engagements et financer ses priorités, l’État entend mobiliser un ensemble diversifié de financements :
- 1 000 milliards de Fcfa d’emprunts extérieurs,
- 826,7 milliards de Fcfa de prêts projets,
- 589,7 milliards de Fcfa de financements bancaires,
- 400 milliards de Fcfa d’émissions de titres publics.
Ces ressources seront complétées par du soutien budgétaire et d’autres financements exceptionnels, illustrant l’importance de l’endettement comme levier de stabilité.
Une trajectoire budgétaire marquée par des réformes
Première économie d’Afrique centrale, le Cameroun demeure un acteur clé dans les secteurs du pétrole et du gaz, du cacao et du bois. Mais les dernières années ont été marquées par une hausse significative des emprunts pour financer les infrastructures et combler les déficits.
Cette situation a entraîné des tensions de liquidité, poussant le gouvernement à accélérer les réformes structurelles et à renforcer la mobilisation des recettes internes, notamment en élargissant l’assiette fiscale.
André Noir




