(BFI) – Depuis le 5 août 2025, la 10ᵉ phase du démantèlement tarifaire prévue dans le cadre de l’Accord de partenariat économique (APE) entre le Cameroun, l’Union européenne (UE) et la Grande-Bretagne est entrée en vigueur. Cette nouvelle étape concerne les produits du 3ᵉ groupe, classés parmi les produits à haut rendement fiscal, et marque une réduction de 60 % des droits de douane, contre 50 % en 2024.
Parmi les produits concernés figurent notamment les véhicules utilitaires, les carburants, les ciments, les peintures et les emballages industriels. Cette décote s’inscrit dans un processus progressif qui prévoit une réduction de 10 % par an jusqu’à une exonération totale en 2030.
Depuis l’entrée en vigueur de l’APE en 2016, les matières premières (1er groupe) et les produits intermédiaires (2ᵉ groupe) ont déjà été entièrement exonérés de droits de douane. Mais les retombées fiscales de ce processus sont lourdes. D’après le ministère de l’Économie, les moins-values cumulées pour l’État se sont élevées à 88,3 milliards de FCFA en 2024.
Les mesures d’accompagnement, censées compenser ces pertes par le développement industriel et un soutien accru aux entreprises locales, peinent à se matérialiser. Selon les données de la douane, 80 % des 14 580 opérations d’importation réalisées en 2024 dans le cadre des APE ont été effectuées par de grandes entreprises. Les PME n’en captent que 20 %, accentuant ainsi les déséquilibres structurels du tissu économique national.
Du côté des exportations, l’APE a tout de même permis une hausse de 33 % des ventes camerounaises vers l’Union européenne depuis 2016. À cela s’ajoutent la création d’emplois et près de 250 milliards de FCFA d’exonérations douanières accordées aux entreprises locales.
Toutefois, ces gains ne semblent pas encore profiter équitablement à l’ensemble des acteurs économiques, notamment les PME, qui restent en marge de ce dispositif pourtant censé renforcer la compétitivité nationale.