(BFI) – La société Gulfcam, reconnue pour son expertise dans le transport maritime de conteneurs et la distribution de produits pétroliers, prévoit de relancer le cabotage conteneurisé entre les ports de Douala et Kribi. Cette initiative est le fruit d’une réflexion approfondie sur les défis logistiques auxquels sont confrontés les acteurs du commerce extérieur camerounais, notamment en raison de l’état dégradé des infrastructures routières entre ces deux ports stratégiques.
L’annonce a été faite le 2 octobre à Douala, à l’occasion des célébrations des 150 ans du port de Douala.
« Nous avons décidé de lancer ce projet, étudié depuis plusieurs années, pour offrir une alternative aux importateurs et exportateurs confrontés à des difficultés liées au mauvais état de la route entre Douala et Kribi », a expliqué Albert Roger Boum, directeur général de Gulfcam.
Le cabotage maritime permet non seulement de contourner les contraintes routières, mais aussi de desservir les grands navires incapables d’accéder au port fluvial de Douala en raison d’un tirant d’eau insuffisant. Ces navires pourront débarquer leurs marchandises à Kribi, port en eau profonde, puis les acheminer vers Douala via des navires plus petits. Ce service existait déjà entre 2020 et 2022 avant son interruption.
Aujourd’hui, les voies d’accès au port de Kribi — routes et chemin de fer — restent insuffisantes ou en très mauvais état. Le transport d’un conteneur par la route entre Kribi et Douala prend actuellement au moins trois heures. Avec le cabotage, les opérateurs bénéficieront d’une évacuation plus rapide, en grande quantité, et à un coût réduit.
« Un camion plateau transporte au maximum deux conteneurs, alors qu’un navire en cabotage peut en prendre 500. Cela permet de réduire le coût unitaire de prestation pour les opérateurs », précise Albert Roger Boum.
Pour démarrer, Gulfcam envisage l’affrètement de navires, le temps de développer le marché et d’informer les clients sur le service avant d’acquérir ses propres navires. L’entreprise s’appuie sur un savoir-faire interne hérité de la fusion, en 2021, de Gulfin (pétrolier) et Camship-CLGG (caboteur). Cette fusion intègre l’expérience de Cameroon Shipping Lines (Camship), société publique privatisée en 1997.
La réussite de ce projet dépend également de la collaboration des administrations, notamment la douane, qui s’est engagée à simplifier le régime de transbordement. Les charges liées au débarquement et réembarquement des conteneurs seront intégrées, minimisant ainsi les coûts pour les opérateurs. Par ailleurs, un quai dédié au cabotage est en cours de conception au port de Douala, dans le but de désengorger le terminal à conteneurs et de fluidifier le trafic.
En relançant le cabotage, Gulfcam devient la première entreprise nationale à opérer dans un secteur traditionnellement dominé par des compagnies étrangères. Cette initiative permettra à l’entreprise d’accroître ses recettes, mais aussi celles de l’État via les taxes et la création d’emplois.
Le cabotage optimisera l’utilisation de différents modes de transport et contribuera à réduire la consommation de carburant et les émissions de carbone, tout en offrant une solution aux opérateurs pour évacuer leurs marchandises, en attendant la mise en place d’un réseau routier et ferroviaire robuste capable de relier efficacement le port de Kribi au reste du pays.
Omer Kamga