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Assureurs, fonds de retraites et diaspora, financeurs du développement en Afrique

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(BFI) – Les besoins de l’Afrique en infrastructures sont considérables : entre 130 et 170 milliards de dollars par an, dont 68 à 108 milliards ne sont pas couverts malgré l’importance du financement sur fonds publics.

« L’Afrique est tout simplement fatiguée d’être dans l’obscurité. Il est temps de prendre des mesures décisives et écrire une nouvelle page : électrifier l’Afrique – et accélérer le rythme de la transformation économique, libérer le potentiel des entreprises, et conduire l’industrialisation nécessaire pour créer des emplois ». (1)

Si l’électrification de son territoire est le grand défi de l’Afrique, ce constat du président de la BAD, Akinwum Adesina, vaut pour tout l’équipement en infrastructures du continent : transports, logistique, santé, éducation, marchés de capitaux, etc.

Les besoins de l’Afrique en infrastructures sont considérables : la Banque africaine de développement en évalue le montant entre 130 et 170 milliards de dollars par an, dont 68 à 108 milliards ne sont pas couverts malgré l’importance du financement sur fonds publics (2). Deux types d’acteurs peuvent contribuer à combler cette lacune : les opérateurs au passif de long terme et la diaspora africaine, à condition, toutefois, que les Etats, qu’ils soient d’Afrique ou d’Europe, adoptent d’énergiques mesures en ce sens.

Faire des opérateurs au passif de long terme, des financeurs du développement

Les opérateurs au passif de long terme sont ceux en charge du financement des retraites, ainsi que les compagnies d’assurances. Même si les rendements peuvent être élevés, ces investisseurs ne représentent qu’une faible part des investissements africains dans les infrastructures. Aujourd’hui, seuls l’Afrique du Sud, le Kenya, la Namibie, le Nigeria et la Zambie semblent avoir adopté des politiques propres à orienter ces investisseurs vers le financement du développement.

De nombreuses problématiques doivent être traitées, parmi lesquelles l’adaptation et l’harmonisation des lois nationales pour assouplir les contraintes pesant sur ces investisseurs et développer de nouveaux produits sur le marché des capitaux. Par exemple, il pourrait être envisagé de titriser les transferts d’argent, ce qui permettrait aux banques africaines de se financer à moindre coût et aux investisseurs de placer une partie de leur passif de long terme dans ce qui est désormais considéré comme une classe d’actifs stable et pérenne. Selon la Commission économique pour l’Afrique des Nations Unies (CEA), l’Afrique aurait la possibilité de lever entre 5 et 10 milliards de dollars par an sur le marché international des capitaux grâce à la titrisation des transferts de fonds de la diaspora. (3)

Un investisseur qui mérite attention : la diaspora africaine

Depuis quelques années, la volonté de la diaspora d’investir dans l’équipement infrastructurel en Afrique se confirme. Or, quelle que soit la rive de la Méditerranée où l’on se situe, le traitement réservé aux diasporas est inégal.

En Afrique, certains Etats ont compris l’avantage qu’ils pouvaient tirer de leurs ressortissants résidant à l’étranger : par exemple, le Maroc, la Tunisie, le Mali, le Sénégal, l’Egypte ou encore le Nigeria font de leur diaspora un pilier de leur développement, notamment, en leur appliquant un régime des changes dérogatoire, en sollicitant de leurs banques la mise en œuvre d’une offre de services bancaires et financiers adaptée. Ces politiques nationales produisent de remarquables résultats :le montant des transferts d’argent opérés par les diasporas est considérable au point de constituer une impressionnante part du PIB et une source majeure de devises (4). D’autres Etats africains, en revanche, font preuve d’une inertie déconcertante, se satisfaisant de la création de secrétariats d’Etat supposés être dédiés à leur communauté à l’étranger.

L’Europe, elle, n’a toujours pas compris qu’il était de son intérêt de favoriser la bi-bancarisation des diasporas (5). Pourtant, dès 2008, la communauté internationale appela les Etats à adopter des mesures en ce sens, ce que fit la France par une loi du 7 juillet 2014. Cette loi s’étant révélée décevante devrait être amendée pour permettre la commercialisation auprès de la diaspora africaine d’instruments dédiés à la collecte de l’épargne afin de l’orienter vers des secteurs de l’économie africaine prioritaires : financement des PME, des entreprises créées par les femmes, etc.

En définitive, si l’Afrique doit se réformer, l’Europe ne peut, dans son intérêt, ignorer la présence sur son sol d’une population africaine qui ne demande qu’à s’impliquer dans le développement de son continent d’origine.

1. africa50.com/fr/secteurs-et-projets/

2. africa50.com/fr/a-propos/objectifs

3. uneca.org/fr/publications/16-projets-d%E2%80%99infrastructures-pour-l%E2%80%99int%C3%A9gration-africaine

4. worldbank.org/en/topic/migrationremittancesdiasporaissues/brief/migration-remittances-data

5. A. Gauvin, K. Raji et E. Tchouata, L’accord de libre-échange africain : prélude à une Eurafrique bancaire ?, Revue Banque, No. 836, octobre 2019, p. 61.

Par Alain Gauvin, avocat & associé

Kawtar Raji-Briand, avocat & counsel ASAFO & Co.

Rédaction
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