(BFI) – L’année 2022 commence sous les meilleurs auspices pour ASCOMA, le leader du courtage d’assurance en Afrique sub-saharienne francophone. Le courtier compte bien profiter de son récent rachat par le Groupe Chedid Capital pour étendre son expertise et renforcer sa position sur le marché. Dans cet entretien initié par les confrères du magazine Business Africa, son directeur général Alain BOUZAID se veut confiant sur les perspectives du développement de courtier-gestionnaire. ENTRETIEN
Quelle appréciation globale portez-vous sur le marché de l’assurance en Afrique francophone ?
Il faut avoir conscience que la zone CIMA, dans laquelle nous exerçons notre activité, reste quand même un marché assez fragmenté, avec un taux de pénétration de l’assurance beaucoup plus faible que dans d’autres marchés. Ce qui est en soi positif, si l’on tient compte de l’évolution démographique de l’Afrique et du développement économique de certains pays. Le potentiel de croissance est important notamment si l’on regarde le continent sur le long terme.
Un marché très dynamique donc…Quelle approche adopte ASCOMA pour faire la différence, quelle est sa spécificité sur ce marché très concurrentiel ?
D’abord la concurrence est saine et cela est une bonne chose. Elle est dans l’intérêt du client. L’autre avantage de la concurrence est que rien n’est acquis, il faut donc se remettre en cause en permanence. ASCOMA se dédie au segment du risque d’entreprise. Nous faisons de l’assurance de particuliers mais les entreprises constituent l’essentiel de notre portefeuille. Si le futur de l’assurance de particuliers se passera par la distribution numérique, pour l’assurance des entreprises la distribution ne subit pas de révolution, elle se fait au cas par cas, avec des couvertures de risques adaptées aux besoins. Et là, le courtage traditionnel qui est la force d’ASCOMA, garde toute sa raison d’être. Pour revenir aux atouts d’ASCOMA, ils sont nombreux, mais je me limiterai à en citer cinq :
Le premier, ce sont nos équipes. Elles sont africaines, extrêmement qualifiées et connaissent parfaitement leurs marchés.
Le deuxième atout, c’est l’histoire qui nous lie au continent africain. ASCOMA est à Madagascar depuis 70 ans, au Cameroun depuis 68 ans, en Côte d’Ivoire depuis 60 ans. Il y a donc une forte appartenance au marché. ASCOMA fait partie de l’écosystème de l’assurance dans chacun des marchés où il est implanté.
Le troisième avantage, c’est le réseau ASCOMA. Nous sommes présents dans 21 pays africains. Cela permet de structurer des programmes spécifiques et mieux répondre aux attentes de la clientèle.
Le quatrième atout, c’est la taille. Nous sommes le principal courtier d’assurance en Afrique Centrale et de l’Ouest. ASCOMA représente un volume important de primes auprès des assureurs partenaires.
Enfin dernier atout, et non le moindre, est que nous ne sommes pas simplement un courtier mais un courtier-gestionnaire, on détient des délégations de souscription de la part des assureurs. Cela veut dire que, dans certaines branches, on a l’autorisation pour souscrire et donc gérer directement les sinistres. Historiquement, nous avons également mis en place le tiers payant qui permet à l’assuré qui possède une carte ASCOMA, de ne rien payer lorsqu’il fait une consultation médicale par exemple.
Le contexte sanitaire dû à la Covid-19 a-t-il eu des impacts significatifs sur vos activités ?
Pas vraiment. Il n’y a pas eu en Afrique, de mesures très strictes d’arrêt d’activité comme ce fut le cas en Europe par exemple. Notre activité n’a pas réellement été perturbée. On le voit d’ailleurs dans nos chiffres, 2020 et 2021 ont été de bonnes années sur le plan du développement commercial.
ASCOMA a récemment procédé à une réorganisation stratégique, notamment en Afrique de l’Ouest. De quoi s’agit-il ?
Nous sommes présents dans 23 pays. L’idée est de donner du poids et des moyens aux régions. Nous avons créé la Direction régionale Zone Afrique Sahélienne Ouest et Guinée (ZASOG) basée à Dakar. Ceci allège la zone Côte d’Ivoire et créé une cohérence économique et culturelle. La ZASOG couvre le Sénégal, Le Mali, le Niger et la Guinée.
Dernière question, quel jugement portez-vous sur les perspectives du marché de l’assurance en Afrique ?
Je vais vous répondre de la manière la plus pragmatique. Chez ASCOMA, nous sommes extrêmement positifs et enthousiastes. Nous croyons en l’Afrique. Avec le développement économique du continent et les flux d’investissements qui y sont en croissance, on peut être optimiste car l’assurance est nécessaire pour accompagner les investissements et le développement économique.
Par ailleurs, si l’on regarde le continent africain, il y a le marché de l’Afrique du Sud qui représente l’essentiel des primes d’assurance ensuite le Maroc. Tout le reste pèse moins de 20% des primes de l’ensemble du continent. Si l’on prend l’Afrique à l’échelle mondiale, elle ne représente qu’1% des primes.
Dans ce contexte, les grandes multinationales du courtage d’assurance ont plutôt tendance à se désengager de l’Afrique. Pour nous qui sommes un acteur local, cela représente une opportunité et nous encourage à y investir davantage. Nous sommes en Afrique depuis 70 ans et comptons y rester encore longtemps.