(BFI) – Premier courtier d’assurance de Côte d’Ivoire, Willis Towers Watson Côte d’Ivoire est également l’un des principaux employeurs du secteur avec près de 170 collaborateurs. Son portefeuille est essentiellement constitué de multinationales, d’entreprises locales et de clients particuliers pour lesquels le courtier dispose de produits diversifiés et adaptés à leurs besoins (santé, automobile, transport, tous risques chantiers, responsabilité civile, globales dommages, vie, etc.). Dans une interview exclusive, Albéric PATINVOH, son Directeur Général, est revenu sur les enjeux de l’exercice du métier de courtier d’assurance en Afrique, l’impact de la COVID 19 ainsi que les défis auxquels le secteur est confronté.
Quelles sont les particularités de l’activité d’un courtier d’assurance en Afrique, notamment francophone ?
La particularité essentielle réside en le fait que nous faisons partie d’une zone spécifique qui s’appelle la zone CIMA, sigle de « Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurance » regroupant 14 Etats africains. Par conséquent, le métier de courtage en assurance est régi par le Code CIMA et régulé localement par les Directions Nationales en charge du secteur des assurances.
Avez-vous relevé des contraintes dans l’exercice de ce métier de courtage en assurance ? Pensez-vous, par exemple, que la régulation de cette activité est bien assurée ?
L’activité de courtage en assurances requiert un certain nombre d’exigences réglementaires. L’obtention de l’agrément délivré par la Direction Nationale des Assurances est la condition sine-qua-none à l’exercice du métier de courtage. Un cadre règlementaire est déjà défini, ce qui constitue un élément positif. Toutefois, l’on constate la prolifération sur le marché d’une pluralité d’acteurs officiant en tant qu’intermédiaires sans avoir satisfait aux conditions exigées. Ce qui, a fortiori, biaise le jeu de la concurrence. Il y a donc nécessité d’un renforcement des contrôles du Régulateur.
Enfin, nous observons l’émergence de nouveaux canaux de distribution (banques, opérateurs de téléphonie mobile, concessionnaires automobiles, etc.). De ce fait, il est donc impératif que la régulation s’adapte à cette évolution.
Quels impacts la pandémie COVID 19 a-t-elle eu sur vos activités et plus généralement sur le secteur ?
La pandémie de la COVID-19 est un évènement extraordinaire qu’aucun opérateur économique n’aurait pu anticiper. Elle secoue tous les pans de notre tissu économique national et le secteur des assurances n’échappe évidemment pas à la règle. La baisse significative des activités de transport routier et de transport en commun a inévitablement eu un impact significatif sur le chiffre d’affaires des assurances automobiles. En prenant également en considération les restrictions en termes de trafic aéroportuaire à l’international, la branche assurance voyage a connu également un impact à la baisse. En revanche, le chiffre d’affaires de la branche Santé a enregistré une hausse due à l’impact psychologique engendré par la pandémie. Également, selon nos experts, du fait de l’exclusion par les assureurs du risque de pandémie et la prise en charge totale des soins par l’Etat, les résultats techniques de cette branche ont été positifs, au-delà de ceux escomptés. Le même phénomène de hausse de chiffre d’affaires a été observé sur les contrats d’assurances vie.
Quelles peuvent être selon vous les mesures à prendre pour atténuer les effets néfastes ?
Atténuer l’impact de la crise sanitaire revient à compenser la baisse de la matière assurable par l’émergence de nouvelles couvertures d’assurance. Pour le secteur, les risques directs sont le non-paiement des primes par des assurés qui se retrouvent en difficulté financière ou qui estiment que le risque couvert est éliminé. Partant de ce constat, le maintien ou l’assouplissement provisoire de certaines règles prudentielles et l’adoption de mesures d’atténuation serait judicieux afin de permettre au secteur des assurances de continuer à faire face aux conséquences liées à la pandémie.
Ne pensez-vous pas qu’à terme, le fait même de recourir à un intermédiaire risque d’être mis en cause par les assureurs, qui peuvent être tentés de démarcher directement le client ?
C’est un fait. Les assureurs démarchent directement les clients. Cependant, notre valeur ajoutée réside en le fait que nous sommes les seuls à pouvoir conseiller le client quant à ses risques, questionner le marché afin de lui fournir les meilleures couvertures au juste prix et in fine, l’accompagner dans la gestion de ses sinistres. Il est donc dans l’intérêt économique des clients de recourir à un Courtier d’assurances.
Comment vous projetez- vous dans le futur, quels seront les grands enjeux de demain pour le secteur de l’assurance ? On parle de digitalisation du secteur…
La crise sanitaire sera sans doute suivie d’une crise économique qui sera ressentie de façon plus ou moins fortes selon les secteurs d’activité. Certains secteurs d’activité ont pu capitaliser des opportunités impliquées par la crise, je pense à des secteurs tels que la santé, ou encore le e-commerce. De nouveaux métiers se sont créés et de nouvelles pratiques ont émergé. Il nous revient donc, acteurs du secteur des assurances, de repenser notre modèle et nos solutions afin qu’ils soient davantage en adéquation avec les évolutions en cours de nos sociétés. A mon sens, la digitalisation est un excellent levier de croissance. Nous avons l’avantage en Côte d’Ivoire (et par extension sur le continent) d’avoir une population jeune, au taux de connectivité grandissant, qu’il faudra continuer d’éduquer à la consommation de l’assurance. Ce, tout en y favorisant l’accès à travers des offres de produits adaptées. Il nous revient donc de capitaliser sur le levier digital afin de démocratiser nos offres et être toujours plus proches de nos clients.
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