(BFI) – « Industrialisation en Afrique de l’Ouest : où en est-on aujourd’hui ? » C’est autour de cette question que se sont réunis, le jeudi 3 juillet 2025, à Abidjan, les participants au 3ᵉ Choiseul Africa Summit. Dans un contexte marqué par le déploiement de la ZLECAf, les échanges ont permis de dresser un état des lieux de l’industrialisation en Afrique de l’Ouest.
Organisé au siège de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), l’événement a rassemblé un large éventail d’acteurs du secteur privé parmi lesquels les dirigeants de PetroIvoire, Kaydan Groupe, Endeavour Mining Côte d’Ivoire, ainsi que des partenaires financiers comme Ecobank ou la Société financière internationale (SFI).
Au fil des panels, les discussions ont porté sur les leviers nécessaires pour accélérer l’industrialisation en Afrique de l’Ouest : financement, structuration des chaînes de valeur, formation des compétences, mais aussi création d’un environnement propice à l’émergence d’un tissu industriel durable et générateur d’emplois.
« Lors des deux premières éditions, nous avons parlé de thématiques stratégiques comme les chaînes de valeur durables, ainsi que l’utilisation des nouvelles technologies dans la transformation économique et le renforcement de la compétitivité des entreprises. Et cette fois, il s’agira de parler de l’industrialisation, qui fait partie de l’agenda de tous les gouvernements et entreprises de l’Afrique de l’Ouest », a rappelé Pascal Lorot (photo), président de l’Institut Choiseul, en ouverture du sommet.
Les intervenants ont souligné des besoins structurels urgents, notamment en énergie abordable, en infrastructures, en financements adaptés et en main-d’œuvre qualifiée. La Banque africaine de développement (BAD) estime ainsi de 130 à 170 milliards de dollars par an les besoins en infrastructures à l’échelle du continent.
« Il faut avouer qu’en matière d’industrialisation, il y a eu d’énormes progrès, non seulement en Côte d’Ivoire mais aussi dans la sous-région ; mais cela reste largement insuffisant pour l’instant », a nuancé Eric Thiam-Sabates, vice-président de la CGECI et directeur général d’Imperial Brands en Côte d’Ivoire. Insistant sur la nécessité d’intégration régionale et de mobilisation des investissements, il a encouragé les acteurs à tirer parti de la montée du protectionnisme mondial pour bâtir des champions industriels africains et des chaînes de valeur intégrées à l’échelle régionale et continentale.
Malgré les avancées, le poids industriel de l’Afrique demeure marginal : le continent ne représente encore que moins de 2% de la production manufacturière mondiale. Toutefois, des pays d’Afrique de l’Ouest comme la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Sénégal affichent des efforts notables dans ce domaine. Selon un classement conjoint de la BAD, de l’Union africaine et de l’ONUDI, la Côte d’Ivoire se positionne au 13ᵉ rang des pays les plus industrialisés d’Afrique, et au 3ᵉ rang régional, derrière le Sénégal et le Nigeria.
Un positionnement que le gouvernement ivoirien entend améliorer, notamment à travers son Plan national de développement (PND) 2026-2030, qui vise à faire du pays une économie à revenu intermédiaire de tranche supérieure d’ici cinq ans.