(BFI) – Les 32ème Assemblée Générale Ordinaire (AGO) suivie d’une Assemblée Générale Extraordinaire générales du groupe Ecobank Transnational Incorporated (ETI) tenues le 30 juin 2020 au Nigeria et retransmise par visio-conférence, covid-19 oblige, auront eu le mérite d’éviter au management et au conseil d’administration d’entendre, comme cela est de règle depuis quelques exercices, les critiques des associations de petits porteurs, ruinées par un cours boursier qui ne décolle pas et des dividendes qui ne tombent pas depuis maintenant 3 exercices ou plus de 5 ans si l’on considère que l’émission de nouvelles actions et son effet de dilution reconnu sur le bénéfice par action (BPA) ne peut en aucun cas être assimilée à de l’argent frais.
Avec un résultat net de 275 millions de dollars, en croissance de 10%, un bénéfice par action de 0, 0078 dollars sur l’exercice 2019, la mastodonte aux actifs évalués à 24 milliards de dollars a décidé comme ce fut aussi le cas l’année dernière, de ne pas verser de dividendes afin de “consolider” sa structure financière. Un mauvais signal largement anticipé par le marché puisque le cours de l’action a perdu 54% de sa valeur en 2019 à la Nigerian Stock Exhange (NSE) et 22% à la Ghana Stock Exhange et à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM).
a Banque présente un ROE de 13,2% plombée par l’usine à gaz qu’est devenue Ecobank Nigeria. L’ex Océanic Bank, acquise en 2011 sans grande due diligence, n’en finit pas de sortir des cadavres de ses placards. Son ROE de 0,4% a dégradé l’ensemble de la Banque donnant raison au dernier avis de l’agence de notation Fitch qui avait, en juin dernier, non seulement dégradé la note de la banque à B- mais aussi jugé que la conversion des ORA de QNB et du fonds de pension sud-africain PIC en actions devenait compliquée. Nous pensons néanmoins que le temps joue en faveur des détenteurs des ORA au détriment des petits porteurs, obligés au douloureux choix entre encaisser des pertes (90% depuis 2014) ou attendre que QNB daigne enfin, dans son calcul, estimer qu’il est temps de ramasser la bête.
Dans les conditions actuelles, l’avenir de la banque aux 800 agences sur 35 pays, véritable géant aux pieds d’argile, passe par une OPA. Vu le grand mécontentement de PIC par rapport au sort de sa mise dans la banque et le manque d’appétit de Nedbank, il est clair que le géant qatari, seule institution à disposer de suffisamment de liquidités, peut se payer la plus panafricaine des banques, en vendant la moitié des agences ou, même, en les mettant en location et en se séparant de la moitié des effectifs (14 878 fiches salariales) au profit d’une digitalisation devenue incontournable.
En dehors de la QNB, un éventuel acheteur au nom de Moulay Hafid Elalamy, ex patron du groupe d’assurance Saham Finance, vendu à Sanlam, pourrait se présenter avec son nouveau fonds panafricain en tête de pont de plusieurs fonds dont Wendel dans une combinaison financière gagnante à long terme. Si aucun des scénarios ne prospère, il sera difficile à Ecobank de poursuivre l’aventure avec des bénéfices inférieurs à ceux de petites banques régionales. Face aux besoins de financement accrus, la banque va-t-elle faire recours aux émissions d’eurobond (au risque de creuser le ratio d’endettement) comme celle de 2019 qui l’a vu lever 500 millions de dollars cotés à la Bourse de Londres, ou à de nouvelles augmentations de capital ? Si l’exercice 2019 s’est soldé sans dividendes, quid donc de celui de 2020 marqué depuis le début de l’année par des confinements et l’arrêt de l’activité économique pour cause de pandémie ?