(BFI) – Alors que certaines compagnies ont repris du service, le ministre des Transports a présidé une réunion cette semaine à Yaoundé avec les acteurs pour préparer une reprise éventuelle globale du trafic aérien. La relance des vols commerciaux impose de nouvelles habitudes dans cet espace d’entrée du Cameroun.
Mardi 16 juin 2020, à peine 11h, Hilaire Noubissi était déjà dans les rangs qui donnent accès à la salle d’enregistrement de l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen. Il vient de passer quatre mois auprès des siens, parce que n’ayant pas la possibilité de rejoindre son pays de résidence, la France, n’eurent- été les contraintes professionnelles. Il fait partie des 200 passagers qui vont prendre, à partir de cet aéroport le vol de la compagnie Air France à 15h. Vol qui a atterri lundi à Douala. Soulagement, joie et anxiété aussi sont quelques sentiments qui envahissent ces passagers. Hilaire est aussi de ceux-là qui apprécient le dispositif déployé à l’aéroport de Yaoundé-Nsimalen pour la reprise progressive de l’activité aéroportuaire par ces temps de Covid-19.
Ce jour justement, c’était un vol de la compagnie aérienne Air France bénéficiant d’une dérogation spéciale (les frontières aériennes étant toujours fermées) qui était programmé. Dès 10h, ils étaient nombreux à investir l’aérogare. Le parking était plein. On a pu observer des voyageurs alignés devant des chariots chargés de bagages. Dans le hall où sont installés les postes de certaines compagnies aériennes, les boutiques souvenirs, les restaurants et autres commerces, c’est un peu mort. Le personnel d’entretien passe un énième coup de serpillère. C’est désormais ainsi. Le déploiement des services d’hygiène a été renforcé, comme l’indique Joseph Ayissi, chef section hygiène et salubrité. Des mesures barrières aussi ont été renforcées. Que ce soit dans les salles d’enregistrement ou les salles d’embarquement, un ensemble de mesures barrières a été mis en place avec marques de distanciation au sol, des cloisons en plexiglass pour séparer les usagers des agents d’enregistrement. Au niveau du hall d’embarquement, il y a des sièges qui marquent la distanciation entre les passagers, mais aussi des désinfectants.
L’aéroport de Yaoundé revit. Même s’il avait continué à accueillir les vols cargos et spéciaux, le rythme n’est pas le même. « Les vols programmés se font à la demande et sous dérogation de l’autorité aéronautique. Air France particulièrement a bénéficié d’une dérogation », explique Emile Amougou Edzoa, directeur de l’aéroport. Tous les acteurs sont donc mobilisés. Des responsables de l’aéroport au personnel de santé en passant par le régulateur, l’autorité aéronautique. « Nous sommes actuellement dans une période d’expérimentation, parce que nous devons vivre avec la pandémie. Donc le gouvernement prend les mesures en amont pour voir comment les vols vont se gérer c’est-à-dire intégrer à la fois des mesures de surveillance sanitaire, les mesures de sûreté et les mesures de sécurité. Actuellement, nous sommes en train de veiller à ce que les passagers qui arrivent nous présentent un test négatif au covid-19 », explique Bessaga Ngah, commandant de l’aéroport. Sur un tout autre aspect, notamment le volet commercial, le responsable avoue que c’est difficilement gérable, compte tenu de la dimension réservation qu’impose le transport aérien et du délai de présentation du test. Mais des équipes du Minsanté pour les tests de dépistage rapide sont aussi présentes au cas où.
Les préalables pour une ouverture totale
Compagnies aériennes desservant le Cameroun, autorité civile aéronautique, aéroports du Cameroun, ministère de la Santé publique. Voilà les principaux acteurs réunis autour de Jean Ernest Massena Ngalle Bibehe, ministre des Transports. Objectifs de la rencontre, faire le point sur toutes les mesures prises ou à prendre, en prélude à une éventuelle réouverture des frontières aériennes du Cameroun. « Je sais que vous voulez tous savoir quand les vols commerciaux reprendront. Mais je ne peux pas répondre à cette question, car je ne le sais pas moi-même », a déclaré le ministre d’entrée.
Mais cette incertitude n’a pas empêché les acteurs ainsi réunis de se pencher sur les mesures nécessaires à une bonne reprise des activités, dans un environnement le moins exposé possible à la contamination au coronavirus. En effet, en attendant la réouverture éventuelle et progressive de l’espace aérien du Cameroun, tous les maillons de la chaîne sont unanimes sur ce qu’il y a lieu de faire pour limiter la propagation du virus. Cela va de l’exigence pour chaque compagnie aérienne de s’assurer que tout passager embarqué présente un résultat de test négatif au covid-19 datant de trois jours maximum. « Dans le cas contraire, après le test rapide au débarquement, ce passager sera mis en quarantaine aux frais de la compagnie », a suggéré le ministre des Transports comme sanction, allant même jusqu’à envisager le refus de débarquement, qui est plus préjudiciable.
Autres mesures, le remplissage des formulaires de suivi par tous les passagers, la mise à disposition des manifestes de voyage, le port du masque, le respect de la distanciation. Il a également été recommandé que les compagnies aériennes se coor- donnent pour un choix de créneau horaire permettant d’éviter des attroupements lors des différentes procédures, mais aussi pour faciliter la tâche aux équipes médicales. Les transporteurs devraient également soumettre, pour validation, un protocole de désinfection des aéronefs, entre autres dispositions. La désin- fection des bagages et le confinement des membres de l’équipage dans leur hôtel durant le temps de repos. A ce jour, outre les vols cargos et vols spéciaux, seule la compagnie Air France a obtenu une dérogation pour atterrir au Cameroun. Selon nos sources Brussels airlines, Turkish airlines, Ethiopian airlines et Kenyan airways ont également introduit des demandes et sont en attente de réponse. Les autres compagnies se tiennent prêtes à reprendre du service dès la réouverture de l’espace aérien.