(BFI) – Au Bénin, le ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche, Gaston Dossouhoui s’est félicité des belles performances de la filière coton de son pays. En effet, la quantité d’or blanc commercialisée s’est chiffrée à 712 000 tonnes au 15 avril. La récolte de coton pourrait encore crever le plafond en 2019/2020.
Invité sur le plateau de la télévision nationale, il a souligné que « De 800-900 kg à l’hectare, le Bénin est passé en l’espace d’un an à une production de 1100 kg/ha, ensuite 1 217 kg/ha pour atteindre la barre des 1 250 voire, 1300 kg/ha« . D’ici un an ou deux, la filière nationale devrait atteindre un niveau moyen de 1,5 tonne, a-t-il assuré. Un rendement bien au-delà des performances régionales actuelles.
Pour le ministre, une des clefs de la réussite a été de revisiter la qualité des zones jusque-là dédiées à la cotonculture pour vérifier que les terres étaient les plus appropriées pour faire grimper les rendements. « L’une des stratégies adoptées pour booster la production cotonnière, est de « sortir des zones marginales qui ne peuvent pas donner au-delà d’une tonne », et de leur assigner » d’autres cultures « plus intéressantes », a-t-il précisé.
Côté intrants, la gestion par la Sodeco s’est « professionnalisée« , a estimé le ministre. Balayant les considérations environnementales, il a souligné : « Si nous prenons les surfaces sur les cultures au Bénin, et qu’on regarde résolument les quantités d’engrais utilisées, à la date d’aujourd’hui, ça ne fait pas une moyenne de 150 kg à l’hectare sur toutes les cultures. Ailleurs, les gens mettent 300 kg, voire 400 kg ». Il a évoqué le projet de transition agricole en zone cotonnière financé par l’Agence française de développement (AFD) qui a pour objectifs de « mieux dresser la terre, maintenir sa fertilité« , de lutter contre l’érosion avec des plantes de couverture et des plantes améliorantes du sol capable de capter l’oxygène atmosphérique et de les fixer dans les racines. Cette technologie, a-t-il rappelé, permet de ne plus labourer tous les ans les champs, mais de tracer la ligne de semi et de faire la semi en ligne sous couvert végétal. A noter que, contrairement à d’autres pays cotonniers de la région, le Bénin ne développe pas de filière bio du coton.
Un autre facteur bénéfique pour la filière et évoqué par le ministre est l’utilisation de semences délintées permettant d’améliorer sensiblement les taux de germination et les taux d’utilisation des semences ; la nouvelle usine de production se situe à Bembèrèkè. « Lorsqu’on les met en terre, elles germent automatiquement parce que l’eau du sol rentre en même temps, la graine se gonfle au bout de 3-4 jours et lance la germination. Cinq à six jours plus tard, la plante se forme« , a expliqué le ministre de l’Agriculture.
Autre facteur positif évoqué : la mécanisation de l’agriculture « qui n’est plus un problème » aujourd’hui. L’année dernière, 421 kits de tracteurs auraient été mis en place à quoi s’ajoutent les investissements des agriculteurs eux-mêmes. Une agence nationale de mécanisation a été créée, financée cette année à hauteur de FCFA 800 millions pour l’acquisition d’équipements, a-t-il rappelé. Trois camions ateliers ont été mis en place et les équipes de mécaniciens seraient en train d’être constituées ; des « tractoristes » sont en cours de formation.
Il faut souligner que le record annoncé intervient dans un contexte particulièrement délicat où la pandémie du coronavirus a entraîné le ralentissement des industries de transformation et poussé au début du mois, la livre de coton à 49 cents sur la bourse de New York, soit son plus bas niveau depuis la crise de 2008.
Pour rappel, la filière coton fournit d’après l’OMC, 45 % des rentrées fiscales du Bénin (hors droits de douane).
Placide Onguéné