(BFI) – L’on évoque sinon rarement la reconstruction post conflit pourtant elle constitue l’un des grands défis de cette résolution de crise. Fort heureusement, le président de la République, Paul Biya l’avait déjà envisagée dans le cadre du Plan d’assistance humanitaire d’urgence.
L’on subodore que le Grand dialogue national convoqué par le chef de l’Etat va se pencher sur cette thématique fort importante. Ce conflit a entrainé des conséquences dramatiques pour l’économie et les populations des deux régions. Les actes de terrorisme ont sérieusement touché et bouleversé les infrastructures scolaires et sanitaires. Sur le plan économique, le Cameroun en paie un lourd tribut du fait du délitement du tissu économique de ces deux régions.
Outre les attaques à répétition contre les projets de construction d’infrastructures essentielles, ils s’attaquent aux infrastructures existantes et aux activités économiques. A cause de ces opérations « villes mortes », des incendies et attaques à l’explosif, de nombreux commerces et marchés ont été fermés. En dehors de l’arrêt des grands projets qui étaient en cours d’exécution dans ces deux régions, les pertes enregistrées par les unités productrices de richesses comme la Cdc et Pamol, les entreprises brassicoles et des télécommunications sont énormes. La paralysie des activités économiques a contraint des milliers de personnes au chômage.
Sur le plan humanitaire, la terreur entretenue par les bandes armées a conduit à des déplacements massifs de populations à l’intérieur du territoire national et au Nigeria voisin. L’ensemble de la nation ressent douloureusement cette crise puisque la protection de l’intégrité du territoire et la sécurisation des personnes et des biens ont contraint les pouvoirs publics à orienter l’essentiel de nos ressources aux dépenses sécuritaires au détriment de certains projets de développement. Il est donc question de reconstruire et réhabiliter les infrastructures, réinstaller les populations déplacées et réfugiées et relancer l’économie dans ces deux régions.
De manière concrète, il faut rétablir un cadre de vie propice à l’épanouissement et au développement des communautés affectées par la situation sociopolitique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, assurer la réinsertion socioéconomique des populations affectées et promouvoir la cohésion sociale et le vivre ensemble. Les priorités de cette reconstruction post conflit vont porter essentiellement sur l’accès au logement, la réhabilitation des infrastructures scolaires et sanitaires, la relance des grands projets infrastructurels et la reconstitution des documents d’état civil et des titres identitaires perdus ou détruits.
Ainsi, au-delà de l’arrêt des hostilités, un véritable « Plan Marshall » devra être mis sur pied pour reconstruire les infrastructures de ces deux régions et celles de la région de l’Extrême-Nord. Les participants au Grand dialogue national devraient voir grand en sériant tous les contours de ce plan de reconstruction. Le Cameroun doit être remis sur ses deux pieds sur l’ensemble de ses dix régions tant sur le plan de la cohésion sociale que sur le plan économique et infrastructurel. Les partenaires au développement devront se joindre au gouvernement pour implémenter ce Plan de reconstruction. Certains se sont déjà manifestés dans le cadre du plan d’urgence humanitaire. Il faut maintenant miser sur le long terme et sur le durable. L’émergence du Cameroun en dépend.
Félix Victor Dévalloix