(BFI) – La taxe sur les opérations de transfert d’argent (TTA) via mobile money modifié en 2024 et inscrite sur la loi de Finances 2025 affiche déjà un rendement confortable. Selon la Revue de l’Exécution budgétaire à fin juin 2025, publiée par le ministère des Finances, l’Etat a mobilisé 19,4 milliards de Fcfa au premier semestre, soit 51,6% de l’objectif annuel fixé à 38 milliards de Fcfa. Un résultat obtenu malgré les retards de mise en œuvre, ce qui en fait l’une des niches fiscales les plus dynamiques.
Ce résultat est d’autant plus significatif que la mesure, pourtant centrale dans l’effort de consolidation fiscale n’a été pleinement opérationnelle qu’après plusieurs semaines de décalages. En effet, à en croire le ministre des Finances, Yaoundé a capté 1 410,7 milliards de Fcfa (43,8%) des recettes fiscales au premier semestre 2025 sur un objectif annuel de 3 217,8 milliards de Fcfa. A la même période en 2024, ces recettes avaient atteint 1 417 milliards de Fcfa.
Le gouvernement explique cette sous performance par « le rendement des soldes annuels largement en deçà des prévisions, avec un gap négatif de près de 60 milliards de Fcfa ; la morosité de l’activité économique et les retards dans l’application des mesures nouvelles de la loi de Finances 2026 »
Pour mémoire, depuis le 1er janvier 2025, chaque opération de transfert ou de retrait via mobile money est grevé d’un droit spécifique de 4Fcfa par transaction introduit par la loi de finances et précisé dans la circulaire du ministère des Finances. Comme l’indique cette circulaire publiée le 31 décembre 2024, il s’agit de « l’institution d’un droit spécifique de 4 Fcfa en sus du taux proportionnel existant. Ce droit s’applique également aux transactions réalisées par les banques commerciales, les établissements de crédit et les microfinances, jusqu’à exonéré du taux proportionnel ».
Concrètement, ce prélèvement s’ajoute à la TTA instauré en 2022 et fixée à 0,2% du montant transféré ou retiré. La loi de Finances 2025 porte même ce taux à 1% pour les dépôts et retraits liés aux jeux de hasard et de divertissement, en raison de la spécificité des flux financiers y afférents ».
Pour le gouvernement, cette augmentation tarifaire constitue désormais une véritable niche fiscale adossée à un secteur d’activité en croissance continue. En effet, le mobile money représente un pilier croissant de l’économie camerounaise. Selon un rapport publié en 2025 par la GSMA, l’association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile, ces services ont contribué à hauteur d’au moins 5% du produit intérieur brut (PIB) du Cameroun ces dernières années. Le pays se positionne ainsi au même niveau que des champions ouest-africains comme le Ghana ou la Côte d’Ivoire. En outre, selon un rapport publié par la BEAC en 2022, le pays concentrait à lui seul 71% du volume de transactions mobile money dans l’espace Cemac soit 1,7 milliards d’opérations.
Christian trésor Adong




