(BFI) – Après s’être imposé comme leader de la monnaie électronique dans plusieurs pays africains, Wave Mobile Money ambitionne désormais de franchir un nouveau cap : la création d’une banque. L’entreprise annonce officiellement la création de Wave Bank Africa S.A., société anonyme, immatriculée à Abidjan le 22 août 2025, avec un capital déclaré de 20 milliards de francs CFA (environ 35 millions $). Cette structure a pour mission d’opérer comme une banque en Côte d’Ivoire : accepter des dépôts, permettre des retraits, et offrir des services de crédit.
Cette décision stratégique ne surprend pas totalement. Wave se retrouve aujourd’hui face à deux contraintes fortes : d’une part la pression des grands opérateurs télécom ; d’autre part la montée en puissance de dispositifs réglementaires, notamment la plate‑forme régionale de paiement instantané initiée par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Wave, qui n’a pas été retenue parmi les 31 entités habilitées à rejoindre cette nouvelle infrastructure, choisit donc de contourner l’écueil en passant d’un modèle de « mobile money » à celui d’une banque agréée.
Le passage aux services bancaires ouvre à Wave un nouveau terrain : le crédit. Le modèle originel, fondé sur des transferts à 1 % et des retraits gratuits, est désormais dans une zone de forte concurrence et de pressions tarifaires. La banque permet à Wave de proposer des produits à plus forte marge, comme des prêts ou des comptes d’épargne rémunérés.
À la tête de cette nouvelle entité, on retrouve Mme Coura Carine Tine au poste de présidente du conseil d’administration, et Bamba Abdoulaye Katier en qualité de directeur général de Wave Côte d’Ivoire. Cette mutation intervient à un moment attentif : l’immatriculation de la banque le 22 août survient quelques jours avant la date limite imposée (1er septembre) par les instances de la BCEAO pour les licences d’établissement de paiement. Wave anticipe donc en se positionnant comme banque, quitte à changer de statut pour garantir l’accès aux infrastructures de paiement centrales et asseoir un modèle plus durable.
Cette évolution marque un jalon important pour la fintech et, plus largement, pour la finance digitale en Afrique francophone. Elle témoigne d’une maturation : le passage du simple « portefeuille mobile » à une véritable institution bancaire. Reste maintenant à observer comment Wave s’imposera face aux acteurs traditionnels et aux nouveaux entrants, et comment elle respectera les exigences réglementaires, de capital, de conformité, et de gestion du risque inhérentes à ce statut bancaire.
Antoine Mboussi




