(BFI) – A compter de l’année 2026, le gouvernement camerounais entend lancer une politique d’incitation à l’investissement dans le secteur des biocombustibles. Pour ce faire, il sera mis « en place d’ici 2026 des exonérations douanières pour les équipements de production industrielles des biocombustibles tels que le charbon écologique, les pellets et le biogaz», révèle le Compact énergie national, présenté à la fois « comme un engagement pour l’Etat du Cameroun» et « une feuille de route de développement des infrastructures énergétiques durables » à l’horizon 2030.
A travers les facilités douanières que l’Etat du Cameroun se prépare à mettre en œuvre, il est question de développer la production de sources d’énergie jusqu’ici très peu vulgarisées dans le pays. Avec pour objectif principal la protection de l’environnement, grâce à la réduction de la dépendance de nombreux ménages du pays à l’utilisation du bois de chauffage et du charbon. Selon le PNUD, le bois et le charbon représentent respectivement 82,3% et 30,6% de la consommation énergétique des ménages camerounais. Dans la région de l’Extrême-Nord, déjà aux prises avec une sécheresse rude, l’utilisation du feu de bois comme énergie de cuisson atteint jusqu’à 95%, révèle l’organisme onusien.
Au moyen d’une politique douanière défiscalisant les importations des équipements de production industrielle, le Cameroun devrait pouvoir stimuler l’investissement dans des solutions énergétiques alternatives comme le biogaz, qui consiste à produire l’énergie à partir des déchets biodégradables. Jusqu’ici embryonnaire, l’industrie camerounaise du biogaz est portée par des opérateurs tels que la société Hygiène et salubrité du Cameroun (Hysacam). Depuis l’année 2013, cette entreprise spécialisée dans la collecte et le traitement des ordures ménagères a développé des stations de captage du biogaz à partir de ses décharges de Douala et de Yaoundé.
Les biocombustibles, un marché encore très ouvert
Les facilités douanières annoncées par le gouvernement camerounais dès l’année 2026 pourraient permettre à cette société de diversifier davantage ses activités en se lançant dans la production à grande échelle du biogaz. En quête de financements pour investir, les start-up opérant dans ce domaine devraient également pouvoir saisir la perche que l’Etat du Cameroun s’apprête à tendre aux investisseurs pour se développer et se positionner durablement sur un marché encore très ouvert.
Les producteurs des pellets devraient également profiter des incitations prévues dès l’année 2026 pour doper davantage leurs activités et vulgariser ce produit encore moins connu que le biogaz. Encore appelés « granulés de bois », les pellets sont des combustibles 100% naturels, de forme cylindrique et de petite taille, fabriqués à partir de sciure et de copeaux de bois compressés. Installée depuis 2016 dans la localité d’Akom I, située à 30 Km de la ville de Kribi, dans la région du Sud, la Compagnie générale des granulés SA est l’un des rares producteurs de pellets au Cameroun. Grâce à la valorisation des déchets de bois issus de l’industrie forestière, cette entreprise revendique une production de 500 000 tonnes par an, destinées aux industriels et aux particuliers.
Quant à la production du charbon écologique, elle est plus que résiduelle au Cameroun. Faute d’investissements pour une production à l’échelle industrielle, l’activité est portée par des start-up comme Kemit Ecology, qui transforme artisanalement les déchets végétaux récupérés dans les marchés et les ménages de la ville de Douala, la capitale économique du pays.
« Encore appelé charbon vert ou bio-charbon, le charbon écologique est un combustible solide produit à partir de résidus agricoles et ménagers biodégradables, riches en carbone. En fonction de la zone géographique et des activités économiques qui s’y développent, il peut être produit à partir de divers déchets organiques (rebus de scierie, déchets agricoles, déchets ménagers, déchets de l’industrie agroalimentaire). Il se présente sous forme de briquettes ou de boule de la taille de morceaux de charbon de bois traditionnel », explique le PNUD. En 2023, cet organisme onusien a offert une unité de production de ce combustible bio à une association de femmes de la ville de Maroua, dans la partie septentrionale du Cameroun.