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Le Cameroun fait recourt à Bloomfield pour avoir sa première notation souveraine en Fcfa

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Le gouvernement camerounais a sollicité l’agence de notation ivoirienne Bloomfield Investment Corporation afin d’obtenir, pour la première fois, une notation souveraine en monnaie locale (franc CFA). Cette démarche s’inscrit dans la volonté des autorités de renforcer la crédibilité du pays sur le marché régional de la dette et de diversifier ses sources de financement.

Selon Kelly Mua Kingsly, responsable des opérations financières à la Direction générale du Trésor, de la Coopération financière et monétaire, cette initiative répond à plusieurs objectifs stratégiques. « Elle traduit une volonté du Cameroun de se tourner davantage vers le marché financier régional. En développant sa notation en monnaie locale, le pays peut attirer des investissements régionaux, renforcer ses liens économiques avec ses voisins et diversifier ses sources de financement », explique-t-il.

Les autorités estiment également que cette notation permettra de « mieux refléter la réalité économique et financière du pays, tout en favorisant une meilleure compréhension des risques liés à l’investissement au Cameroun ». Le recours à Bloomfield, déjà active dans plusieurs pays de la zone franc, s’explique par sa proximité méthodologique et sa capacité à intégrer les spécificités économiques régionales. « Il est possible que la notation de Bloomfield soit plus souple que celles des agences étrangères, souvent perçues comme moins sensibles aux réalités locales », observe un cadre du Trésor.

En comparaison, Moody’s a maintenu en août dernier la note du Cameroun à « Caa 1 » pour la dette à long terme, avec une perspective stable. L’agence américaine avertissait toutefois qu’un défaut de paiement, lié à des tensions de liquidité, demeurait possible. Une évaluation plus favorable de Bloomfield pourrait donc renforcer la confiance des investisseurs régionaux et réduire le coût de l’emprunt public, notamment grâce à une baisse des taux d’intérêt sur les titres du Trésor.

Cette initiative survient à un moment clé pour les finances publiques. Le Cameroun se prépare à honorer l’échéance de son eurobond de 750 millions USD émis en 2015, coté à la Bourse de Dublin et assorti d’un taux d’intérêt de 9,50 %, qui arrive à maturité le 19 novembre 2025. L’extinction de cette dette extérieure majeure pourrait offrir une nouvelle marge de manœuvre budgétaire, permettant au pays de réorienter sa stratégie d’endettement vers des financements en monnaie locale, réduisant ainsi la pression sur les réserves en devises.

À fin juin 2025, la dette intérieure du Cameroun, hors restes à payer et dette flottante, s’élevait à 3 814,4 milliards FCFA, soit 11,6 % du PIB, selon la Caisse autonome d’amortissement (CAA). Plus de la moitié (55 %) de cette dette est constituée de titres publics émis sur le marché de la BEAC, principal levier de financement domestique des États de la CEMAC.

La CAA relève par ailleurs une hausse de 11,6 % des émissions de Bons du Trésor assimilables (BTA) sur un an, traduisant la pression croissante sur le marché intérieur. En s’appuyant sur une notation en franc CFA, le Cameroun entend mieux valoriser son profil de risque, renforcer la confiance des investisseurs et stabiliser son accès au financement régional.

Rédaction
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