(BFI) – Réunis le 3 octobre 2025 à Douala par l’Agence de régulation des télécommunications (ART), les opérateurs Orange Cameroun et MTN Cameroon ont été invités à présenter les mesures engagées pour améliorer la qualité de service (QoS) et l’expérience utilisateur (QoE). Cette rencontre intervient dans un contexte marqué par de nombreuses plaintes d’abonnés, qui dénoncent la dégradation des services vocaux et internet malgré les investissements massifs consentis par les opérateurs.
Face à ces critiques, les deux leaders du marché ont annoncé le lancement, entre fin octobre et début novembre, d’une campagne de communication interactive qui débutera à Yaoundé. Objectif : expliquer au public l’origine des perturbations, valoriser les efforts d’amélioration du réseau et sensibiliser les consommateurs à l’usage des terminaux de communication.
Selon les dirigeants, cette campagne comportera des contenus visuels et pédagogiques permettant de mieux comprendre les causes techniques des dysfonctionnements, souvent liés à la surcharge du réseau ou à l’obsolescence des équipements utilisateurs.
Le directeur général de l’ART, Philémon Zo’o Zame, a pour sa part insisté pour que cette initiative soit « bilingue, substantiellement pédagogique et conduite en partenariat avec les associations de défense des droits des consommateurs », afin d’en garantir la transparence et la crédibilité.
Des sanctions et des défis persistants
Malgré les efforts annoncés, les griefs des utilisateurs restent nombreux, notamment dans les zones rurales où la majorité des abonnés utilisent encore des terminaux limités à la 2G ou à la 3G, freinant la migration vers la 4G. Des insuffisances de couverture et de débit avaient d’ailleurs conduit l’ART, le 2 juillet 2025, à infliger des amendes de 2,6 milliards de FCFA à Orange et MTN pour non-respect des seuils réglementaires et manquements tarifaires.
Les opérateurs rappellent toutefois leurs investissements considérables. Orange Cameroun affirme avoir injecté près de 1 500 milliards de FCFA en 25 ans, tandis que MTN Cameroon indique avoir versé 155 milliards de FCFA à l’État en 2024 et prévoit 62 milliards d’investissements supplémentaires en 2025.
Pourtant, les analyses de trafic de l’ART révèlent que 90 % de la consommation de données repose désormais sur la 4G, exerçant une pression croissante sur les infrastructures existantes et expliquant certaines lenteurs observées par les utilisateurs.
Afin d’assurer la traçabilité et l’efficacité des engagements pris, l’ART a recommandé la création d’un mécanisme de suivi semestriel des investissements et des performances réseau. Ce dispositif, selon l’institution, « renforcerait la transparence et l’efficacité du dialogue entre le régulateur et les opérateurs ».
L’enjeu est de taille : restaurer la confiance des usagers et garantir la qualité du service à l’heure où le numérique constitue un levier essentiel de compétitivité et d’inclusion économique.