(BFI) – Portée par une vision royale résolument tournée vers l’Afrique, l’internationalisation des entreprises marocaines constitue l’un des piliers de la stratégie d’intégration économique du Royaume sur le continent. Au fil des années, plusieurs groupes marocains se sont imposés comme des acteurs majeurs dans les secteurs stratégiques africains, contribuant à bâtir une coopération Sud-Sud concrète, équilibrée et durable. Cette présence croissante est à la fois le reflet de l’ambition économique du Maroc et le prolongement naturel de sa diplomatie de proximité.
L’élan est né dans le sillage des tournées royales en Afrique subsaharienne, dès le début des années 2010. Portées par une diplomatie du partenariat, une stabilité macroéconomique et soutenues par des institutions financières robustes, les entreprises marocaines ont progressivement investi les marchés ouest, centraux et même lusophones avec une approche fondée sur l’ancrage locale, la co-entreprise, et la création de valeur partagée.
Le secteur bancaire incarne cette stratégie d’expansion. Les trois principaux groupes – Attijariwafa Bank, Banque Populaire (BCP) et Bank of Africa (BOA) – opèrent aujourd’hui dans plus de vingt pays africains, couvrant aussi bien l’Afrique de l’Ouest francophone que l’Afrique de l’Est, centrale ou lusophone. Mais il ne s’agit pas de simples implantations commerciales. Ces banques adaptent leurs services aux contextes locaux, accompagnent les PME africaines, financent des projets d’infrastructures, d’agriculture ou d’urbanisme. Elles constituent un levier de financement essentiel pour les économies africaines émergentes et participent activement à la bancarisation du continent.
Dans les télécommunications, le groupe Maroc Telecom s’est lui aussi affirmé comme un acteur continental. Présent dans une dizaine de pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, l’opérateur marocain a su moderniser les réseaux, élargir l’accès à Internet et introduire des solutions innovantes dans des marchés souvent sous-équipés. Son implantation est perçue comme un vecteur de connectivité et d’inclusion numérique pour des millions de foyers et d’entreprises.
Les champions marocains s’illustrent également dans le secteur des infrastructures et du BTP, avec des entreprises emblématiques comme SOMAGEC, JESA, TGCC, Jet Contractors ou SGTM, qui ont contribué à la construction de ports, de routes, d’aéroports, d’hôpitaux et d’ouvrages publics dans plusieurs pays du continent. Ces acteurs exportent un savoir-faire éprouvé dans les grands chantiers marocains, tout en s’adaptant aux besoins spécifiques de leurs partenaires africains.
Dans l’assurance, le groupe Saham – aujourd’hui intégré à Sanlam – a longtemps incarné l’élan marocain vers l’Afrique, développant un réseau qui a transformé les standards du secteur sur plusieurs marchés. D’autres groupes émergent dans des niches à fort potentiel, comme les énergies renouvelables, l’agro-industrie, la distribution ou la santé, confirmant la diversité de l’expertise marocaine exportée.
Cette présence économique est d’autant plus significative qu’elle s’accompagne d’une volonté de co-construction. Les entreprises marocaines n’arrivent pas en terrain conquis, mais avec une approche fondée sur le partenariat, la réciprocité et le respect des écosystèmes locaux. Elles embauchent, forment, investissent sur le long terme, et participent à la montée en compétences des ressources humaines africaines. Cela contribue à renforcer la perception positive du Maroc auprès des élites économiques et institutionnelles du continent.
L’appui des institutions financières marocaines, comme la Caisse de Dépôt et de Gestion, Tamwilcom, ou encore les assurances-crédit nationales, facilite l’internationalisation des entreprises, notamment les PME qui souhaitent s’ouvrir à l’Afrique. Des salons, des forums et des programmes d’accompagnement comme le South-South Cooperation Initiative permettent d’identifier des opportunités, de nouer des alliances et de mieux comprendre les dynamiques locales.
Cette montée en puissance des entreprises marocaines en Afrique s’inscrit dans une stratégie globale portée par le Roi du Maroc, qui a fait du continent africain une priorité diplomatique, économique et culturelle du Royaume. Elle témoigne aussi de la maturité croissante du tissu entrepreneurial national, désormais capable de jouer un rôle moteur à l’échelle régionale.
Au-delà des chiffres d’affaires ou des parts de marché, ce sont des réseaux, des alliances, des ponts humains que tisse le Maroc à travers ses champions. Une conviction guide cette démarche: le développement du Maroc est indissociable de celui de l’Afrique. Une Afrique entrepreneuriale, ambitieuse et intégrée, où les solutions viennent du continent, pour le continent.
André Noir
