(BFI) – Sur la période de janvier à mars 2025, le déficit de la balance commerciale- la différence entre la valeur des biens exportés et importés – a été ramené 32,7 milliards de Fcfa (environ 50 millions d’euros) soit une amélioration de 240,3 milliards de Fcfa par rapport au premier trimestre 2024, représentant une chute de 88% du déficit. Cette performance est principalement attribuable à une augmentation des recettes d’exportation de 35,3%, qui a plus que compensée la hausse modérée de 4,7% des dépenses d’importation.
Cette tendance positive masque une forte dépendance au secteur pétrolier et gazier. Hors pétrole brut, le déficit commercial reste substantiel, s’établissant à 245 milliards de Fcfa. Bien qu’encore élevé, ce solde s’est tout de même amélioré de 275 milliards de Fcfa (53%) sur un an.
La santé du commerce extérieur se mesure souvent par le taux de couverture, qui rapporte les exportations aux importations. Un taux supérieur à 100% indique que les exportations suffisent à payer les importations. Au premier trimestre 2025, ce taux a grimpé à 97,2%, gagnant 22 points de pourcentage par rapport à la même période en 2024 (75,2%).
Cette forte hausse, détaille l’INS, réaffirme l’ampleur de la croissance des exportations par rapport à celle des importations. Sans les revenus du pétrole brut, le taux de couverture, bien que plus faible, a également progressé de 26,1 points pour atteindre 78,7%.
Le premier trimestre 2025 a également été marquée par une autre performance. Les recettes d’exportations ont atteint 1118 milliards de Fcfa, dépassant pour la première fois depuis plusieurs années le cap symbolique de 1000 milliards de Fcfa sur une période trimestrielle. Comparé à 826 milliards de Fcfa enregistrés au même trimestre 2024, cela représente une hausse de 292 milliards de Fcfa.
Fait notable, cette embellie financière n’est pas due à une augmentation des volumes exportés, qui sont resté « relativement stables » selon l’INS. Les analystes lient donc cette hausse à un « effet prix », c’est-à-dire une augmentation des cours mondiaux des matières premières que le Cameroun vend à l’étranger.
Le cacao, moteur incontesté des revenus
La structure des exportations camerounaises confirme sa nature de pays exportateur de produits primaires. Le cacao brut en fèves arrive en tête, constituant à lui seul 44,8% du total des recettes avec 500,3 milliards de Fcfa. Le produit a directement bénéficié de la flambée de ces cours sur les marchés internationaux
Le secteur des hydrocarbures complète le podium. Les huiles brutes de pétrole ont généré 212 milliards de Fcfa (19% de recettes), suivies par le gaz naturel liquéfié (GNL) avec 122 milliards de Fcfa (10,9%). A eux cinq, le cacao, le pétrole, le GNL, la pâte de cacao (5,2%) et le coton brut (4,2%) représentent 84,1% des revenus de l’exportation, soulignant le défi persistant de la diversification économique.
En face, la facture des importations camerounaises s’est établie à 1150 milliards de Fcfa au 1er trimestre 2025, en hausse de 4,7% (soit 51,3 milliards de Fcfa) sur un an. Les autorités notent une tendance contradictoire : si les chiffres sont en hausse en glissement annuel, ils affichent un recul de 15% par rapport au trimestre précédent, suggérant une possible inflexion. Les quantités de marchandises importées ont été légèrement augmenté, passant de 2,4 à 2,5 millions de tonnes.
Pour replacer cette performance trimestrielle dans son contexte, un retour sur les années passées est éclairant.
En 2021, les exportations camerounaises avaient atteint 2392,7 milliards de Fcfa, en hausse de 32,7% par rapport à 2020, mais sans parvenir à compenser une facture d’importations de 3871 milliards de Fcfa qui avaient creusé le déficit commercial à 1478 milliards de Fcfa.
L’année 2022 avait marqué une embellie avec des exportations en nette progression, en hausse de 45%, ce qui avait réduit le déficit de 1428 milliards de Fcfa. Mais cette tendance s’est brutalement inversée en 2023, lorsque les recettes d’exportations ont reculé à 14,2%, effaçant 495 milliards de Fcfa de revenu et ramenant le total de 2897 milliards de Fcfa, tandis que les importations poursuivaient leur hausse. Le déficit s’est alors aggravé à 2004 milliards de Fcfa, soit une détérioration de 40%.
En 2024, la situation s’est amélioré, le déficit retombant à 1747,3 milliards de Fcfa, une réduction de 12,8% impulsé par une reprise des exportations (+8,8%) et une stagnation des importations (-0,1%).
Paul Nkala