(BFI) – Les Camerounais décideront dimanche 12 octobre s’ils accordent ou non à Paul Biya, 92 ans, au pouvoir depuis 43 ans, un huitième mandat ! Voici ce que les investisseurs surveillent dans cette présidentielle jouée d’avance, de la plus grande économie d’Afrique centrale
Les principaux opposants sont Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre de l’Emploi, et Bello Bouba Maigari, son tout premier Premier ministre à son accession au pouvoir en 1982. Mais l’opposition se distingue surtout par une absence : Maurice Kamto, principal rival de l’actuel président dont la candidature a été invalidée par la commission électorale aux ordres.
Le Cameroun, comme d’autres pays d’Afrique subsaharienne, a commencé à émettre des euro-obligations au cours de la dernière décennie, le plaçant ainsi sur le radar des investisseurs des marchés financiers. Yaoundé a émis sa première obligation internationale en 2015, avant de solliciter à nouveau le marché en 2024 avec une émission qui arrivera à échéance en 2032. Le pays bénéficiait également d’un programme de 689,5 millions de dollars du FMI, ainsi que de 181,7 millions de dollars de la Facilité pour la résilience et la durabilité, tous deux arrivés à échéance en juillet dernier. Les investisseurs surveillent attentivement la possibilité d’obtenir un nouvel accord.
L’économie camerounaise repose sur les exportations de matières premières ; le pays est le cinquième producteur mondial de cacao et exporte également du pétrole, du gaz et du bois. De ce fait, il est vulnérable aux aléas de la chute des prix des matières premières.
Le FMI juge la dette du Cameroun soutenable, mais elle présente un risque élevé de surendettement. Les analystes ont averti que son recours croissant à l’emprunt, ainsi que l’inefficacité de sa gestion de la dette, pourraient accroître la vulnérabilité du pays aux chocs.
Cela pourrait poser un problème au vainqueur attendu de la présidentielle, car le gouvernement cherche à emprunter 1,6 milliard de dollars localement et à l’étranger pour financer le déficit budgétaire dans un contexte de baisse des décaissements des donateurs. L’émission initiale d’obligations de 750 millions de dollars du Cameroun arrive également à échéance en novembre 2025, ce qui pourrait vider une partie des caisses du Trésor. Le vainqueur devra par ailleurs s’attaquer au secteur financier afin de sortir de la « liste grise » du Groupe d’action financière internationale, constatant que son système est vulnérable au blanchiment d’argent.
Le Cameroun est également confronté à une augmentation des catastrophes climatiques, notamment des sécheresses et des inondations, qui mettent à rude épreuve le secteur agricole et pourraient freiner la production de produits de base essentiels.
Les investisseurs surveillent également de près la santé de Biya, car son âge avancé et l’absence d’un plan de succession clair suscitent des inquiétudes quant à la stabilité du pays.




