(BFI) – Réuni le 29 septembre dernier par visioconférence, le comité de pilotage monétaire de la banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) a choisi de maintenir inchangé ses principaux taux directeurs, malgré une révision à la baisse des perspectives de croissance dans la sous-région. Cette décision confirme l’orientation prudente de l’institution monétaire déjà perceptible lors de sa précédente session tenue à Yaoundé le 30 juin 2025.
A l’échelle international, la banque a fondé ses discussions sur les données du Fonds monétaire international (FMI). Dans ses perspectives de l’économie mondiale publiées en juillet 2025, l’institution de Brettons Woods prévoit une croissance mondiale de 3% en 2025 contre 3,3% en 2024 avant une légère reprise à 3,1% en 2026. Cette décélération, expliquée par le ralentissement du commerce et des investissements dans plus pays avancés, place la Cemac dans un environnement externe moins favorable.
Les services de la BEAC ont livré en septembre des prévisions actualisées pour la sous-région. La croissance réelle du PIB est attendu à 2,6% en 2025 après 2,7% en 2024 tiré par le bas par une contraction marquée des activités pétrolières et gazières (-1,5% en 2025, après -0,4% en 2024), tandis que les secteurs non pétroliers devraient afficher une progression de 3,2% en 2025, quasi stable par rapport à l’année dernière.
Cette actualisation contraste avec les projections présentées lors de la dernière session, où la banque centrale tablait encore sur une croissance légèrement plus robuste, de l’ordre de 2,9%, portée par la bonne tenue des activités hors pétrole. Autrement dit, en trois mois, les perspectives se sont assombris de 0,3 point, reflet du poids persistant de la dépendance aux hydrocarbures.
Sur le front des prix, la banque centrale relève une amélioration notable. L’inflation moyenne dans la zone, qui avait atteint 4,1% en 2024, devrait retomber à 2,6% à fin 2025, sous la norme communautaire fixée à 3%. En juin, les services de la Beac anticipaient déjà un taux légèrement plus élevé à 2,8%. Cette correction à la baisse renforce l’idée d’un reflux durable des tensions inflationnistes amorcée au premier trimestre 2025.
Les services de la Beac signalent néanmoins une dégradation des équilibres externes et budgétaires. Le déficit du compte courant qui mesure les flux nets, de biens, services et transferts à l’extérieur devrait s’établir à -2,2% du PIB en 2025, contre -0,2% en 2024. De même le déficit budgétaire, hors dons, passerait de -1% à -1,3% du PIB.
Quant aux réserves de change, elle diminuerait de 7% d’ici la fin de l’année, tout en restant confortable selon les standards internationaux. Elles représenteraient 4,6 mois d’importations de biens et services contre 4,8 mois en 2024. Le taux de couverture extérieur de la monnaie, indicateur clé de la crédibilité du Franc Cfa d’Afrique Centrale, atteindrait 73,2% après un 74,9% un an plutôt.
Dans ce contexte contrasté, le CPM a décidé de maintenir le taux directeur des appels d’offres à 4,5%, le taux de la facilité de prêt marginal à 6% ainsi que le taux de la facilité de dépôt à 0%. Les coefficients de réserves obligatoires sont également reconduits à 7% sur les dépôts à vue et 4,5% sur les dépôts à terme.
Il convient de souligner que dans l’espace Uemoa, la Bceao a également maintenu ses taux directeurs avec un taux minimum de soumission aux appels d’offres d’injection de liquidité fixé à 3,25% tandis que le taux marginal demeure à 5,25%.