(BFI) – À l’occasion du lancement du chèque santé dans le Littoral, le Centre et l’Ouest, le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, a présenté les avancées de la CSU au cours d’un point de presse tenu ce mercredi 10 septembre 2025 à Douala. On apprend ainsi que le suivi de la grossesse et l’accouchement, y compris par césarienne, sont pris en charge moyennant un forfait symbolique de 6 000 Fcfa.
Alors que de nombreuses questions sont soulevées sur le fonctionnement de la CSU au Cameroun, le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, a réaffirmé ce mercredi 10 septembre lors d’une visite de travail dans la région du Littoral que ce sont cinq millions de citoyens qui ont eu accès à cette promesse d’un accès équitable aux soins de santé.
Des publics prioritaires visés
La CSU vise à lever les barrières financières qui empêchent de nombreux ménages d’accéder aux soins, tout en garantissant une meilleure qualité des prestations. « La couverture santé universelle représente aujourd’hui l’alternative la plus sûre pour garantir l’équité d’accès aux soins, protéger les usagers des risques financiers et assurer des services de santé de qualité à nos concitoyens », a déclaré Manaouda Malachie lors du point de presse.
Dans sa phase actuelle, la CSU concentre son action sur des publics jugés prioritaires, en l’occurrence les enfants de moins de cinq ans, qui bénéficient de la gratuité des consultations médicales et du traitement du paludisme simple, mais aussi les femmes enceintes dont le suivi de grossesse et l’accouchement, y compris par césarienne, sont pris en charge moyennant un forfait symbolique de 6 000 Fcfa, ainsi que les personnes atteintes de pathologies spécifiques telles que le VIH, la tuberculose ou encore l’insuffisance rénale nécessitant une dialyse. En outre, d’après le ministre, ce panier de soins n’est pas figé car il est appelé à s’élargir progressivement à mesure que les contraintes seront levées, avec déjà l’annonce de l’intégration prochaine du diabète de type 1 et des hépatites virales B et C.
96 % de l’objectif fixé pour fin décembre 2025
Parallèlement à ces priorités médicales, les chiffres enregistrés témoignent d’une progression significative puisque 4 983 146 Camerounais se sont pré-enrôlés et 4 165 482 figurent désormais comme inscrits effectifs sur la plateforme, soit 96 % de l’objectif fixé pour fin décembre 2025. Cette dynamique se traduit concrètement par une couverture de 79 % des enfants de moins de cinq ans, la garantie du chèque santé pour 100 % des femmes enceintes dans les zones pilotes, la prise en charge de 92 % des personnes vivant avec le VIH, ainsi que l’accès assuré aux prestations prévues pour 100 % des patients tuberculeux et dialysés.
Un accent sur la prévention
Au-delà de l’accès aux soins curatifs, le dispositif contribue à renforcer la prévention. Le ministre a indiqué que plus de 3,4 millions d’enfants ont bénéficié d’une supplémentation en vitamine A, tandis que 975 000 nouveau-nés ont été mis au sein de leur mère dans l’heure suivant leur naissance.
En parallèle, 1,75 million de femmes enceintes ont reçu une supplémentation en fer et près de 700 000 d’entre elles un traitement préventif contre le paludisme. Pour les vaccinations, 2,7 millions d’enfants ont reçu le vaccin combiné contre la rougeole, les oreillons et la rubéole. « Ces résultats traduisent les efforts conjoints de l’État, de ses partenaires et des personnels de santé pour protéger les populations », a souligné Manaouda Malachie.
Un impact considérable sur les finances des ménages
Un autre indicateur clé concerne la réduction des coûts. Selon le ministre, « grâce à la CSU, chaque patient économise en moyenne 90 % sur le coût d’un accouchement, 95 % sur celui d’une césarienne et 94 % sur celui d’une dialyse ». Ainsi, dans le cadre du chèque santé, une femme enceinte n’a à débourser que 6 000 Fcfa pour l’ensemble de son suivi, accouchement inclus. Pour les patients dialysés, le dispositif permet d’obtenir deux séances hebdomadaires pour un forfait réduit de 15 000 Fcfa, contre un coût réel bien plus élevé.
Malgré ces avancées, la mise en œuvre n’est pas exempte de difficultés. Le ministre a reconnu les lenteurs dans le remboursement des formations sanitaires. « Entre l’engagement et le déblocage effectif des fonds, il y a parfois des retards qui compliquent la continuité du service », a-t-il admis, tout en assurant que des instructions ont été données pour améliorer le processus. La question des infrastructures et des plateaux techniques demeure également sensible. Dans certaines formations sanitaires, le manque de personnel qualifié et d’équipements adaptés freine encore la pleine opérationnalisation du dispositif. Pour surmonter ces obstacles, le ministère mise sur la digitalisation. Le lancement du chèque santé digital vise à fluidifier la gestion des données, à renforcer la transparence et à limiter les problèmes liés aux supports papier.
Une relation de confiance à construire avec le système de santé
Au-delà des réformes techniques et financières, le Minsanté a appelé les Camerounais à cultiver une relation de confiance avec leur système de santé. « La santé n’a pas de parti politique, elle concerne tout le monde ; nous devons bâtir ensemble un système robuste, car demain chacun de nous pourrait en avoir besoin », a-t-il martelé, avant de rendre hommage aux personnels de santé qu’il a qualifiés de soldats de la santé engagés quotidiennement dans la mise en œuvre de la CSU.
Cédric Boyomo