(BFI) – En marge du Forum de haut niveau sur la gouvernance au Sahel à Banjul, capitale de la Gambie, le président de la Commission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Dr. Omar Alieu Touray, a réaffirmé l’engagement de l’organisation à lancer la monnaie unique régionale, l’Eco, en 2027
Si le lancement de la monnaie unique de la CEDEAO est un vieux projet, la déclaration du président de la Commission de la CEDEAO, Dr. Omar Alieu Touray, attendue depuis longtemps par des observateurs économiques et citoyens ouest-africains, marque une étape cruciale dans le processus d’intégration économique régionale. Toutefois, elle soulève également de nombreuses questions sur la faisabilité et les implications d’une telle réforme.
De fait, le projet, initialement envisagé pour 2020, a été reporté à plusieurs reprises en raison de défis macroéconomiques et de divergences de vues entre les États membres. Les critères de convergence, jugés essentiels pour garantir la stabilité de la future monnaie, n’avaient pas été remplis par la majorité des pays. La pandémie de Covid-19 et les turbulences économiques mondiales qui ont suivi n’ont fait qu’ajouter à la complexité du dossier. En 2023, un Comité de Haut Niveau avait été mis en place pour relancer le processus.
Cependant, cette sortie du président de la CEDEAO semble indiquer une nouvelle détermination politique. La volonté affichée est de créer un espace monétaire unifié, capable de stimuler le commerce intra-régional, de faciliter les investissements, de réduire la dépendance vis-à-vis des monnaies étrangères et de remplacer le franc CFA, critiqué pour son héritage colonial. L’Eco est donc présentée comme un instrument de souveraineté économique, un pilier pour une Afrique de l’Ouest plus forte et plus intégrée sur la scène internationale. «Nous devons mettre en place des stratégies innovantes pour renforcer la cohésion sociale et consolider les relations entre les États et les citoyens,»a soutenu Dr. Touray à Banjul tout en précisant que le lancement ne dépendra plus de l’alignement simultané de tous les États membres.
Les enjeux et les défis de l’Eco
Si l’ambition est louable, les défis qui se dressent sur le chemin de l’Eco sont considérables, notamment le respect des critères de convergence. Et selon Dr. Touray, ceux qui ne seront pas prêts bénéficieront d’un accompagnement technique et financier pour rejoindre le projet ultérieurement. Le lancement de l’Eco, si elle se concrétise, marquerait un signal fort en faveur d’une plus grande autonomie économique du continent africain. C’est un pari audacieux, mais qui, s’il est relevé avec succès, pourrait ouvrir la voie à une ère de prospérité partagée et de stabilité accrue pour les 300 millions d’habitants de la CEDEAO et de l’AES.
Les prochains mois seront déterminants pour évaluer la volonté politique réelle des États membres et pour voir si les défis techniques et économiques peuvent être surmontés d’autant que la récente sortie du Burkina-Faso, du Mali et du Niger de l’organisation régionale apparaît comme un autre casse-tête chinois. Cela dit, les regards des experts sont tournés vers l’Afrique de l’Ouest qui se prépare, peut-être, à écrire un nouveau chapitre de son histoire monétaire.