(BFI) – Le 30 septembre 2025, l’Union économique et monétaire Ouest Africaine (UEMOA) franchira un seuil historique avec le lancement officiel de la Plateforme Interopérable du Système de Paiement Instantané (PI-SPI), orchestrée par la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). Un révolution humérique de la finance ouest-africaine.
Le 30 septembre prochain marquera un tournant décisif dans l’espace de l’Union économique et monétaire ouest-africain (UEMOA) ayant en partage le FCFA. En effet, avec le déploiement du PI-SPI, la BCEAO enterre définitivement l’ère des virements bancaires laborieux. Exit donc les délais de 72 heures d’attente pour valider un virement d’une banque à une autre : désormais, les transferts d’argent s’effectueront en temps réel, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
Cette plateforme interopérable unifiera banques, services de mobile money et institutions de microfinance, libérant les usagers d’un système longtemps caractérisé par sa lourdeur et ses coûts excessifs.
Et dans cette dynamique de déploiement du PI-SPI, l’institution d’émission monétaire dit avoir franchi une étape importante avec le lancement, le 5 juin dernier, des tests en conditions réelles d’utilisation permettant aux banques, institutions de microfinance, émetteurs de monnaie électronique sélectionnés d’effectuer des opérations instantanées Interopérable, telles que des transferts de fonds et des paiements, indépendamment du type de compte utilisé en y intégrant les exigences de fiabilité, de sécurité et de fluidité.
Pour plus d’impact, vers la création de l’E-CFA
Mais cette innovation du PI-SPI n’est qu’un prélude à une transformation bien plus profonde. Dans les coulisses, la BCEAO finaliserait l’E-CFA, sa monnaie numérique de banque centrale (MNBC). Une avancée qui pourrait bouleverser l’équilibre du secteur financier ouest-africain. En permettant aux particuliers et aux entreprises de détenir directement de la monnaie numérique émise par la banque centrale, l’E-CFA remettra en cause le rôle traditionnel des banques commerciales. Leur monopole sur les dépôts et les transactions s’en trouve fragilisé, tout comme leur modèle économique reposant sur les frais cachés et les délais de traitement, de l’avis des experts.
Ainsi, les établissements bancaires n’auront d’autre choix que de se réinventer, en proposant des services à réelle valeur ajoutée plutôt que de dépendre de revenus liés aux transferts ou aux comptes dits dormants. L’E-CFA pourrait bien également redistribuer les cartes en éliminant les acteurs trop lents à évoluer. C’est dire que l’avenir de la finance en Afrique de l’Ouest ne se jouera plus dans les agences bancaires traditionnelles, mais dans l’instantanéité, la transparence et l’inclusion numérique. Les gagnants seront ceux qui auront su anticiper ce virage historique.
L’économie mondiale est en pleine mutation, et l’Afrique de l’Ouest n’est donc pas en reste. La digitalisation des services financiers, portée par l’essor du mobile money et des paiements électroniques ayant profondément transformé les habitudes de consommation et d’épargne, la BCEAO, gardienne de la stabilité monétaire de l’UMOA, se positionne ainsi à l’avant-garde de l’innovation. Et avec ce message clair : l’innovation n’est plus une option, c’est une nécessité vitale.
André Noir