(BFI) – La Société Nationale des Hydrocarbures (SNH), compagnie nationale des hydrocarbures, a procédé ce jeudi 17 juillet 2025 à la pose de la première pierre pour la construction de son usine de raffinage dans la zone industrialo portuaire de Kribi sur un site de 250 hectares. Ce projet porte sur une raffinerie modulaire d’une capacité projetée de 30,000 250 barils par jour.
Partiellement financée par des créanciers locaux, notamment BGFIBank, la raffinerie devrait entrer en production commerciale dès 2028, L’objectif est de réduire la dépendance du pays aux importations de produits pétroliers et de renforcer sa sécurité énergétique. La raffinerie est un projet conjoint de la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH) et de son partenaire, Tradex, ainsi que du consortium Ariana/RCG
Dénommée CSTAR Refinery, la mise en service commerciale de cette infrastructure est prévue pour juin 2028, selon le calendrier du projet. Les équipements sont actuellement préfabriqués à Abu Dhabi (Émirats arabes unis) avant leur assemblage sur site, apprend-t-on. « Cette raffinerie marque un tournant décisif dans notre quête de souveraineté énergétique », a déclaré Nathalie Moudiki. Elle a précisé que l’infrastructure permettra de réduire jusqu’à 30 % des importations de produits pétroliers finis.
Transformation locale du pétrole brut produit sur le territoire camerounais, hausse des capacités de stockage des produits pétroliers (qui accusent un déficit de 195.000 m3 par an), valorisation de l’expertise nationale sur la chaîne de valeur des hydrocarbures sont quelques-uns des bénéfices attendus de ce projet.
Depuis l’incendie de la raffinerie SONARA en 2019, le Cameroun dépend totalement des importations pour couvrir ses besoins en carburants. Avec CSTAR, le pays espère valoriser son brut local, notamment celui extrait du champ d’Ebome, et produire une partie de ses propres besoins, tout en développant une capacité d’exportation. La SNH estime que la raffinerie pourrait permettre au pays de dégager 250 millions de dollars (environ 150 milliards FCFA) de recettes annuelles et contribuer à hauteur de 1 milliard de dollars (près de 600 milliards FCFA) par an à la balance des paiements du pays.
Le projet est structuré autour d’une Société de Projet (SPV) de droit émirati, détenue à 65 % par la SNH et à 35 % par Ariana Energies. Il sera supervisé par un Comité de gestion conjoint (JMC). Le financement est réparti entre 40 % de fonds propres et 60 % de dette internationale, mobilisée notamment auprès de la BGFIBank et d’autres bailleurs.
La raffinerie sera implantée sur un site sécurisé de 250 hectares, mis à disposition via un accord-cadre entre la SNH et l’Autorité portuaire de Kribi. En complément, CSTAR prévoit également la construction d’un dépôt stratégique de carburant, d’une capacité estimée entre 250 000 et 300 000 tonnes métriques, toujours dans la zone portuaire de Kribi.
Impact économique et stratégique
Le projet devrait créer 2,000 5,000 emplois directs et indirects, avec des transferts de compétences vers les ingénieurs et techniciens locaux. Malgré de grandes attentes, des questions clés demeurent. Le coût total du projet n’a pas encore été divulgué et les plans d’exécution détaillés sont encore incomplets. À l’heure où le Cameroun s’efforce de reconquérir sa souveraineté énergétique, confier un actif aussi crucial à une société étrangère bénéficiant d’un arbitrage offshore suscite des inquiétudes légitimes.
Pour éviter que Kribi ne devienne un autre méga-projet non réalisé, le défi sera de garantir que cette raffinerie serve véritablement les intérêts stratégiques du Cameroun, avant ceux d’investisseurs plus agiles et moins transparents.
Rémy Ngassana