(BFI) – Dix ans après l’instruction présidentielle ayant acté son lancement, le Cameroun entend finaliser son 4e recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) au cours du triennat 2026-2028. L’échéance a été formellement adoptée à l’issue des travaux du comité interministériel d’examen des programmes (CIEP), clôturé le 10 juin 2025 à Yaoundé. L’opération qui constitue un outil central de pilotage des politiques publiques, devient de facto une priorité nationale, selon les termes du Ciep.
Officiellement acté par décret en 2015, le RGPH accuse un retard inédit pour un pays donc les dernières données de recensement dates de 2005, avec une publication en 2010. Depuis lors, la population camerounaise est estimée à partir des projections sur la base des données vielles de deux décennies. En 2005, le pays comptait environ 20 millions d’habitants. Vingt ans plus tard, aucune donnée géographique actualisée n’est venue corriger cette référence, pourtant cruciale pour la planification sectorielle, la répartition des ressources budgétaires et le suivi des objectifs sociaux.
Désormais le Cameroun dispose d’un calendrier clair, même si le financement du programme reste partiellement assuré. Le coût global du recensement est évalué à 64 milliards de Fcfa dont 42 milliards de Fcfa ont déjà été mobilisés. Il manque encore 22 milliards de Fcfa pour permettre la mise en œuvre complète du projet. Le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, a instruit d’intensifier les démarches auprès des bailleurs de fonds afin de combler ce gap. Plusieurs procédures sont en cours notamment avec les bailleurs techniques et financiers, parmi lesquels le Fonds de nations unis pour la population (Unfpa), partenaire historique du Cameroun en matière de démographie.
L’opération statistique confiée au Bureau central des recensements et des études de la population (Bucrep) a déjà franchi les principales étapes préparatoires. En 2024, le ministre de l’économie du plan et de l’aménagement du territoire (Minepat) avait indiqué que la cartographie censitaire est achevée, le recensement pilote mené, les documents techniques finalisés et les encadreurs formés. Les prochaines phases incluent les sélections et la formation de près de 40 000 agents recenseurs, le déploiement d’une campagne nationale de communication et enfin le démarrage du dénombrement effectif.
Pour rationaliser les coûts, le gouvernement camerounais a décidé de coupler ce recensement à celui de l’agriculture et de l’élevage. Cette mutualisation vise à optimiser les ressources logistiques et humaines, les activités de collecte et de post-traitement représentant à elle seul près de 34% du budget total du RGPH.
En parallèle, une attention particulière est portée sur l’éthique et à la protection des populations vulnérables. Le Bucrep et l’Unfpa se sont engagés à former les agents recenseurs à la prévention des abus et à la promotion d’un environnement sûr notamment pour les femmes et les jeunes filles, dans le cadre des opérations de terrain.
Aucune date de lancement officielle n’a encore été arrêtée après l’échec d’un premier calendrier en 2023.