(BFI) – Premier producteur mondial de cacao, la Côte d’Ivoire assure environ 40 % de l’offre mondiale. Dans ce contexte, toute perturbation au cours de la campagne cacaoyère nationale a des répercussions directes sur le commerce mondial de la matière première.
En Côte d’Ivoire, les perspectives de récolte de la prochaine campagne cacaoyère de 2025/2026 qui devrait pourtant être lancée dans 5 mois soulève déjà des inquiétudes. « Nous pensions que la mauvaise récolte de 2023/24 était un cas isolé, mais nous constatons que c’est à nouveau le cas cette année, et nous observons déjà les mêmes signes pour 2025/26 », rapporte Reuters le 5 juin, citant le responsable d’une société exportatrice basée à San Pedro, deuxième port cacaoyer du pays ayant requis l’anonymat.
Cette déclaration résume l’état d’alerte dans lequel se trouvent aujourd’hui les négociants internationaux. Une inquiétude qui est d’autant plus justifiée que Sodexam, l’autorité chargée de la météorologie prévoit une pluviométrie déficitaire dans le sud du pays, principale zone de production de cacao, entre avril et la mi-novembre 2025, ce qui devrait affecter le début de la campagne de 2025/2026 prévue en octobre.
Face à ce contexte incertain, des sources proches du Conseil du Café-Cacao (CCC) citées par Reuters ont révélé qu’entre 650 000 et 700 000 tonnes de contrats d’exportation ont déjà été vendues par anticipation sur la campagne 2025/2026. Une rapidité inhabituelle à ce stade de l’année, motivée par la crainte d’une 3ème campagne consécutive qui sera marquée par une offre insuffisante à l’échelle nationale.
En outre, le CCC prévoit de limiter les ventes contractuelles à 1,3 million de tonnes pour la campagne 2025/26, contre 1,7 million de tonnes habituellement. Une décision qui devrait permettre au régulateur d’ajuster les engagements à la réalité du terrain et éviter de se retrouver en défaut de livraison.
Sur un marché mondial déjà tendu, cette nouvelle perspective de baisse en Côte d’Ivoire ne manquera pas de renforcer les pressions sur les prix du cacao, qui évoluent à des niveaux historiquement élevés depuis plus d’un an. Par exemple, le prix de la tonne de cacao a clôturé à 9 948 $ sur l’Intercontinental Exchange (ICE) le 4 juin, soit près de trois fois son niveau du 2 janvier 2024, où il s’établissait à 3 704 $.