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Quand le financement et l’inclusion numérique réinventent l’écosystème entrepreneurial féminin en milieu rural au Cameroun

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L’entrepreneuriat féminin en milieu rural camerounais fait face à une double barrière: l’accès limité aux financements et l’exclusion numérique. Si la transformation digitale est souvent perçue comme un levier de développement inclusif, elle tend à renforcer certaines inégalités préexistantes, notamment dans les zones rurales où les femmes peinent à bénéficier des opportunités offertes par le numérique. Cette marginalisation économique, exacerbée par l’absence de dispositifs financiers adaptés, soulève la question de l’inclusion numérique et financière comme un impératif pour la viabilité de l’écosystème entrepreneurial féminin au Cameroun.

En Afrique en général, les disparités en matière d’accès aux financements sont alarmantes. Selon les estimations, plus de 60 % des femmes entrepreneures en Afrique considèrent le manque de ressources financières comme l’obstacle majeur à la croissance de leur activité. Au Cameroun, 41,9 % de la population camerounaise utilise internet en 2025, ce qui met en évidence une fracture numérique persistante, particulièrement en milieu rural. Cette réalité freine l’intégration des femmes entrepreneures dans l’économie numérique et limite leur accès aux financements digitaux, aux marchés élargis et aux formations essentielles à la croissance de leurs activités.

Tout n’est pas glauque, toutefois. Car, dans l’optique de booster l’inclusion numérique des femmes entrepreneures porteuses de micro-entreprises,  en milieu rural en particulier, des initiatives telles que le programme ADFI WSME, porté par la Banque africaine de développement et visant à renforcer les services financiers numériques pour 12 000 femmes entrepreneures, ou encore le projet We-Fi, doté d’un financement de 15 millions de dollars, contribuent à réduire le déficit de financement de 42 milliards de dollars qui pénalise les entrepreneures africaines. L’initiative SWEDD, qui a permis à 153 828 femmes et filles d’accéder à des formations numériques, s’inscrit également dans cette dynamique d’autonomisation.

Entrepreneuriat féminin : De l’ombre à l’ère numérique, un virage incontournable

Aujourd’hui, le numérique représente bien plus qu’un simple outil : il redéfinit les modèles économiques et crée de nouvelles opportunités, notamment pour les femmes entrepreneures en zone rurale. Cependant, l’absence d’une intégration numérique efficace freine leur essor et les maintient dans un circuit informel peu structuré, notamment au Cameroun où on note un manque notoire d’infrastructures de qualité (routes etc.). À mesure que les services financiers numériques évoluent, il devient impératif d’adapter ces outils aux réalités des micro-entreprises dirigées par des femmes, en développant des plateformes inclusives et accessibles au niveau du Cameroun.

Dans cette dynamique, l’application Akoum joue un rôle clé en facilitant la valorisation des produits locaux camerounais. Développée par l’Association pour la Valorisation des Produits Locaux (AVPL), cette plateforme numérique permet aux producteurs de promouvoir leurs marchandises et d’accéder à un marché élargi (régional et international), favorisant ainsi une consommation locale plus structurée et compétitive. En complément, la même association met en oeuvre des programmes de coaching, de mentorat et d’accompagnement personnalisé et immersif pour aider les entrepreneures à optimiser leur gestion, booster leurs revenus et leur visibilité numérique.

Investir dans l’autonomisation digitale : Un défi ou une révolution économique ?

Pour assurer une véritable inclusion des femmes rurales dans l’écosystème économique numérique au Cameroun, il est essentiel de mettre en place des politiques adaptées qui encouragent leur autonomisation financière et technologique. Des investissements dans la formation digitale et l’accès aux infrastructures numériques doivent accompagner les initiatives de financement pour éviter une dépendance croissante aux intermédiaires masculins.

Un exemple concret est le GIC-Transpat, dirigé par Dr. Eulalie Essomba, qui se déploie dans la formation, la culture et la transformation agroalimentaire, notamment du cacao, dans la ville de Ngoumou dans la région du Centre-Cameroun. Cette initiative met un accent particulier sur l’accompagnement des filles, des femmes et des jeunes, leur offrant des compétences essentielles pour intégrer les chaînes de valeur agricoles et numériques, au-delà du sociotope rural à partir duquel ils déploient leurs produits dans le marché camerounais très peu favorable aux producteurs et aux entrepreneurs des milieux ruraux.

Vers une « écopreneurialité féminine numérique » au Cameroun

La transformation numérique et le financement inclusif ne se limitent plus à un simple levier économique pour les femmes entrepreneures en milieu rural au Cameroun. Ils s’inscrivent désormais dans une approche plus globale que nous conceptualisons sous le terme « d’écopreneurialité féminine numérique », un néologisme qui formalise l’interaction entre entrepreneuriat, digitalisation et transition écologique. Ce modèle que nous suggérons met en lumière la convergence entre les outils financiers digitaux, l’agro-écologie et une économie circulaire qui valorise les ressources locales en mettant l’humain, notamment les Femmes, au centre, tout en réduisant l’impact environnemental.

Selon l’initiative AFAWA (Affirmative Finance Action for Women in Africa), portée par la Banque africaine de développement, le déficit de financement des femmes entrepreneures en Afrique est estimé à 42 milliards de dollars. Cette initiative vise à combler cet écart en facilitant l’accès aux capitaux et aux services financiers adaptés aux besoins des entrepreneures.

Il se met donc en érection l’urgence de renforcer les mécanismes de financement inclusifs et de promouvoir des solutions numériques adaptées aux réalités des femmes en milieu rural dans les pays africains. En combinant innovation financière et digitalisation, le Cameroun pourrait non seulement réduire ces inégalités, mais aussi accélérer la transition vers une économie verte et circulaire, où les femmes jouent un rôle central dans la transformation agro-écologique et la création d’emplois décents.

L’avenir de l’entrepreneuriat féminin en milieu rural camerounais dépendra donc de la capacité du pays à structurer une réponse intégrée : formation, financement et digitalisation, mais aussi une politique alignée avec les exigences du développement durable. Il ne s’agit plus seulement de soutenir ces femmes, mais de leur donner les moyens de redéfinir l’économie camerounaise, en intégrant pleinement cette « écopreneurialité féminine numérique » au sein des stratégies nationales et locales. Une révolution est en marche, et le Cameroun doit désormais en être un acteur incontournable pour être plus compétitif et accéder à un marché mondial de plus en plus concurrentiel.

Baltazar ATANGANA,noahatango@yahoo.ca et Jessica MANDENG, eyaanecassije12@gmail.com

Rédaction
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