(BFI) – Les Assemblées annuelles 2025 du Groupe de la Banque africaine de développement s’ouvrent ce lundi 26 mai dans la capitale économique de la Côte d’Ivoire, Abidjan, dans un contexte de mutation du commerce mondial. Plus de 5000 délégués sont attendus
Quarante-sept des cinquante-quatre pays africains sont touchés par les nouvelles mesures commerciales américaines, vingt-deux d’entre eux devant faire face à des tarifs douaniers pouvant atteindre 50 % sur un large éventail de produits d’exportation. Dans un contexte où les priorités d’assistance étrangère des États-Unis évoluent et où les financements de l’USAID se réduisent, les pays africains naviguent dans un paysage changeant dans lequel les formes traditionnelles de soutien ne peuvent plus être prises pour acquises.
Les Assemblées annuelles, qui se tiendront du 26 au 30 mai à Abidjan, en Côte d’Ivoire, siège du Groupe de la Banque, auront pour thème : « Tirer le meilleur parti du capital de l’Afrique pour favoriser son développement ».
Ce thème stratégique invite les pays membres régionaux de l’institution à se tourner vers leur continent pour identifier et exploiter les diverses ressources en capital de l’Afrique — humaines, naturelles, financières et économiques — afin de favoriser sa transformation structurelle.
Dans le contexte mondial actuel, les Assemblées annuelles offrent aux participants l’opportunité de relever ces défis et de stimuler la production nationale, de développer des chaînes de valeur régionales et de négocier en position de force. C’est l’occasion pour le continent de renforcer son marché intérieur, de diversifier ses partenaires commerciaux et de reprendre le contrôle de son destin économique.
Dans une récente interview accordée à CNN, le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, a averti que ces chocs politiques pourraient entraîner d’importantes perturbations économiques. « Lorsque ces monnaies s’affaiblissent », a-t-il noté, « l’inflation élevée devient un problème (…) et le coût du service de la dette en devises va s’alourdir. »
En proposant des solutions, Adesina a souligné l’importance d’un dialogue constructif avec les États-Unis, de la diversification des marchés d’exportation et, surtout, de l’accélération de la mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), un marché intérieur de 3 400 milliards de dollars qui pourrait redéfinir l’avenir économique du continent. Cela implique également d’approfondir les marchés régionaux, de stimuler la valeur ajoutée locale et de repenser la manière dont l’Afrique mobilise et déploie ses ressources, non pas comme des fragments d’aide étrangère, mais comme des catalyseurs d’un développement autonome à grande échelle.
Cela implique également de tirer parti du capital humain de l’Afrique, de son potentiel en matière d’énergie verte et de ses vastes ressources — du lithium à la main-d’œuvre — pour conclure des accords plus équitables et stimuler la création de valeur ajoutée à l’échelle nationale.
La BAD, premier partenaire du développement de l’Afrique
Depuis plus d’une décennie, la Banque africaine de développement pose les bases de cette transformation. Au cours des dix années qui ont suivi le lancement par Adesina du programme des « High 5 », qui couvre les domaines de l’énergie, de l’alimentation, de l’industrie, de l’intégration et de la qualité de vie, plus d’un demi-milliard de personnes ont déjà bénéficié de ses effets. Et ce n’est qu’un début.
La Banque africaine de développement a investi plus de 55 milliards de dollars dans les infrastructures, mobilisé plus de 225 milliards de dollars d’intérêts d’investissement par l’intermédiaire de l’Africa Investment Forum, et l’institution tire parti de partenariats avec des banques multilatérales de développement pour des projets transformateurs tels que la Mission 300, une initiative visant à fournir un accès à l’électricité à 300 millions de personnes en Afrique d’ici à 2030.
Au cours des Assemblées annuelles, les gouverneurs de la Banque africaine de développement éliront le successeur de l’actuel président de l’institution, Adesina, dont le second mandat de cinq ans s’achève le 31 août prochain.
Placide Onguéné