AccueilFinanceBourseLes bourses africaines : entre éclosion timide et ambitions continentale

Les bourses africaines : entre éclosion timide et ambitions continentale

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(BFI) – Dans un contexte où les impératifs de financement qu’ils concernent les infrastructures, la transition énergétique ou la transformation industrielle atteignent une acuité sans précédent, les marchés boursiers africains demeurent notablement sous-exploités, alors même qu’ils représentent des vecteurs essentiels de souveraineté économique.

En 2023, la capitalisation totale des bourses africaines avoisinait les 1 000 milliards de dollars, soit à peine 1 % de la capitalisation mondiale, tandis que le JSE (Johannesburg Stock Exchange) représentait à lui seul plus de 80 % de cette valeur. En comparaison, la Bourse de New York pèse à elle seule plus de 25 000 milliards de dollars. Ces chiffres révèlent un paradoxe : un continent riche en ressources et en potentiel humain, mais pauvre en mécanismes de mobilisation interne du capital.

Pourtant, le rôle stratégique de la bourse dans l’économie moderne est incontestable. Elle permet la canalisation de l’épargne vers l’investissement productif, le financement des entreprises sans endettement excessif, et l’émergence d’un capitalisme endogène, moins dépendant de l’aide extérieure. En facilitant l’accès au capital pour les entreprises locales y compris les PME les marchés boursiers peuvent jouer un rôle fondamental dans la réindustrialisation du continent.

Mais le tableau reste contrasté. À ce jour, seules 29 bourses de valeurs sont opérationnelles en Afrique, et très peu d’entre elles disposent de la profondeur, de la liquidité ou de l’attrait nécessaires pour faire face à la concurrence internationale. Le manque d’intégration régionale, la volatilité des flux étrangers, et la faible culture boursière parmi les populations africaines entravent leur expansion.

Des initiatives telles que la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) – UEMOA ou le projet African Exchanges Linkage Project visent à corriger cette fragmentation en créant un écosystème plus intégré. Ces efforts doivent s’accompagner de réformes institutionnelles profondes, d’une meilleure gouvernance des marchés, et surtout, d’une mobilisation des ressources locales, notamment via les fonds de pension, assurances et épargne citoyenne.

Dans un contexte géopolitique incertain, où les modèles de financement internationaux se redéfinissent, l’autonomisation financière du continent devient un impératif. L’Afrique ne peut continuer à dépendre exclusivement de l’extérieur pour financer sa propre croissance. Les bourses africaines peuvent et doivent devenir des instruments de souveraineté et de résilience.

Le potentiel est là. Les ambitions aussi. Il reste à créer un environnement où les marchés de capitaux puissent réellement porter le projet africain de transformation économique. Cette éclosion tardive n’est pas une fatalité. Elle peut devenir l’aube d’une nouvelle ère.

Darly Nguema, Analyste financier

Rédaction
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