(BFI) – Pour de nombreuses femmes au Cameroun, l’accouchement reste un risque sanitaire important.
Malgré les progrès de la médecine, le pays continue d’avoir l’un des taux de mortalité maternelle et infantile les plus élevés de la région. En 2020, on estime que 438 femmes pour 100 000 naissances vivantes sont décédées de complications liées à la grossesse, selon le portail de données sur le genre de la Banque mondiale. Si la mortalité maternelle a légèrement diminué pour atteindre 406 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2022, les progrès ont été lents et les problèmes de santé maternelle persistent.
L’accès limité à des soins de santé reproductive de qualité, les taux élevés de grossesse chez les adolescentes (108 filles sur 1 000 âgées de 15 à 19 ans accouchent) et les carences nutritionnelles persistantes continuent de mettre en danger la santé des mères et des nouveau-nés. Sans interventions urgentes et durables, les décès évitables continueront, ce qui pèsera encore plus sur les familles et les communautés.
Pour relever ces défis, le Cameroun s’apprête à lancer sa Stratégie nationale quinquennale sur la santé reproductive, maternelle, infantile, adolescente et nutritionnelle (RMNCAH-Nut) le 13 mars 2025. Élaborée avec le soutien d’Africa CDC et de ses partenaires, cette stratégie, qui s’étend de 2025 à 2030, s’aligne sur les priorités mondiales en matière de santé, en particulier l’Objectif de développement durable (ODD) 3 sur la santé et le bien-être. Le plan met l’accent sur le renforcement des services de santé maternelle, l’amélioration de la collecte de données, l’amélioration de la mise en œuvre des politiques et la promotion d’une meilleure coordination entre les parties prenantes.
Avant son lancement officiel, Africa CDC a joué un rôle clé dans le soutien d’un atelier de validation technique pour affiner la stratégie. L’atelier a réuni 33 experts, dont des représentants du ministère de la Santé du Cameroun et des partenaires clés, afin de garantir que le document était scientifiquement solide, pertinent au niveau local et exploitable au niveau national.
« Une partie du mandat d’Africa CDC est d’aider les pays à élaborer des plans de santé stratégiques qui s’alignent sur les priorités continentales. « Le Cameroun est parmi les premiers à finaliser sa stratégie, et cela servira de modèle aux autres nations africaines. Nous nous préparons maintenant au lancement officiel et mobilisons des ressources pour une mise en œuvre efficace », a expliqué Fidel Gabo, chef de la division de la santé reproductive, maternelle, néonatale, infantile et adolescente au CDC Afrique.
La stratégie nationale du Cameroun s’appuie sur des efforts continentaux plus larges pour aider les États membres de l’Union africaine à renforcer les politiques de santé reproductive. Reconnaissant que les femmes et les enfants sont touchés de manière disproportionnée lors des urgences sanitaires, l’Union africaine a validé une stratégie continentale quinquennale de santé reproductive (2022-2026) avec la participation de 42 États membres de l’UA. Ce cadre se concentre sur des domaines critiques, notamment la santé sexuelle et reproductive des adolescents, la santé maternelle et néonatale, la planification familiale, la prévention et la gestion des cancers de l’appareil reproducteur, la réduction de la violence sexiste et les soins d’avortement sans risque.
Pour assurer une mise en œuvre efficace au niveau national, une évaluation des priorités continentales a identifié les principales lacunes dans le financement de la santé reproductive, les cadres politiques et les capacités du personnel de santé. Dans le cadre d’une évaluation de suivi, le Cameroun et le Lesotho ont été parmi les premiers pays sélectionnés pour bénéficier d’un soutien technique et financier afin d’élaborer des stratégies nationales alignées sur le cadre continental plus large.
Pour faciliter l’adoption à l’échelle nationale, la stratégie a été traduite en anglais pour atteindre un public plus large, notamment les décideurs politiques, les professionnels de la santé, les organisations de la société civile et les communautés locales. Au total, 1 500 exemplaires imprimés de haute qualité seront distribués aux niveaux national, régional et de district afin de garantir l’accessibilité à toutes les parties prenantes. Le lancement du 13 mars marque le début d’un effort plus vaste visant à mobiliser des ressources pour une mise en œuvre efficace dans tout le pays. Africa CDC continuera de collaborer avec le ministère de la Santé du Cameroun pour assurer l’intégration durable des services de santé reproductive dans le système national de soins de santé primaires. En donnant la priorité à la santé maternelle et infantile, cette stratégie a le potentiel de sauver des milliers de vies et de construire un système de santé plus solide et plus résilient pour les générations futures.
Omer Kamga