(BFI) – Le contexte actuel est marqué par une inflation élevée. Il est alors nécessaire de resserrer la politique monétaire. Mais attention ! L’institution de Bretton Woods, bien qu’elle reconnaisse cette nécessité, alerte sur les risques de pertes considérables pour les banques fortement exposées.
Une étude menée par des experts du Fonds Monétaire International (FMI) s’est penchée sur la relation entre l’inflation et la rentabilité des banques. Les résultats des recherches montrent que la plupart des banques sont largement à l’abri des variations de l’inflation. Et pour cause : les expositions des revenus et des dépenses ont tendance à se compléter mutuellement. Cependant, certaines banques, quoique moins nombreuses, se retrouvent en position de vulnérabilité face à l’inflation. La conséquence, selon les auteurs de l’étude, peut-être une instabilité financière si la concentration des pertes entraîne une panique plus large dans le secteur bancaire. Face à cette situation, les experts ont proposé aux banques centrales de tenir un compte de la stabilité financière dans la définition des politiques de lutte contre l’inflation.
Pour parvenir à la conclusion selon laquelle l’inflation constitue une source d’inquiétude, les experts ont combiné les données du bilan et des revenus de plus de 6 600 banques de pays avancés et de pays émergents avec près de trois décennies de données économiques du FMI. Après analyse, il ressort que la plupart des prêteurs semblent largement couverts contre l’inflation. Cela est lié, d’une part, au fait que les revenus et les dépenses bancaires augmentent avec l’inflation à des degrés similaires. D’autre part, les revenus et les charges liés aux emprunts et aux prêts sont traditionnellement exposés à l’inflation, car ils réagissent principalement aux taux directeurs qui fluctuent en réponse à l’inflation. De même, le fait que les autres revenus et charges, provenant d’activités bancaires non traditionnelles, de services, de salaires et de loyers, soient directement exposés aux variations de prix contribuent à minimiser la vulnérabilité des prêteurs face à l’inflation.
En outre, l’étude a considéré l’impact de l’inflation sur les revenus et les dépenses des banques au niveau national. Il en ressort que cet impact varie considérablement d’un système bancaire à un autre, l’évolution de l’inflation se répercutant beaucoup plus rapidement dans certains pays que dans d’autres. Quant aux facteurs de vulnérabilité recensés dans le cadre de cette étude, ils sont liés à la sensibilité de certaines banques à l’inflation en raison de la différence de leur modèle de gestion des risques ou de leur modèle d’affaires.
Ainsi, 3 % des banques dans les pays avancés et 6 % des banques dans les pays émergents sont au moins autant exposés à des taux d’intérêt élevés que la Silicon Valley Bank au début de sa faillite. De même, les banques des pays émergents ne sont pas épargnées par l’inflation, probablement en raison d’une indexation plus généralisée des prix.
Le contexte actuel est marqué par une inflation élevée. Il est alors nécessaire de resserrer la politique monétaire. Mais attention ! L’institution de Bretton Woods, bien qu’elle reconnaisse cette nécessité, alerte sur les risques de pertes considérables pour les banques fortement exposées. Car, d’après les experts, une telle situation pourrait pousser les clients et les investisseurs à réévaluer les risques dans toutes les banques et provoquer des paniques et une instabilité financière.
Pour endiguer exclusivement les expositions à l’inflation, les auteurs des travaux faisant ressortir le renforcement de la réglementation et du contrôle prudentiels, le relèvement du niveau obligatoire de gestion des risques dans les banques, l’amélioration de la transparence et le recours aux évaluations granulaires des risques. Ils préviennent cependant : si, malgré ces améliorations, les pertes subies par certaines banques entraînent une contagion plus généralisée, les banques centrales devront peut-être trouver un équilibre entre la hausse des taux pour enrayer l’inflation et la possibilité d’une instabilité financière.