(BFI) – Hier lundi 9 décembre, l’édition 2024 de l’Africa Financial Summit (AFIS) a ouvert ses portes à l’hôtel Hyatt Regency de Casablanca, réaffirmant le positionnement stratégique de la ville en tant que hub financier incontournable du continent africain. Cet événement majeur attire un grand nombre de décideurs, d’experts et de leaders économiques pour débattre des réformes et des innovations nécessaires à la refonte du paysage financier africain.
Créé par Jeune Afrique Media Group et l’Africa CEO Forum, en partenariat avec la Société Financière Internationale (IFC), l’AFIS s’est progressivement imposé comme une plateforme de référence. Il réunit chaque année des personnalités influentes du monde de la finance, des gouvernements, ainsi que des représentants du secteur privé, afin d’échanger sur les moyens de bâtir un système financier inclusif, résilient et adapté aux besoins spécifiques de l’Afrique.
L’édition 2024 a mis l’accent sur des thématiques cruciales, telles que l’intégration régionale, le financement des petites et moyennes entreprises (PME), et le rôle des nouvelles technologies dans la transformation des services financiers. Ces sujets, au cœur des préoccupations du continent, sont abordés à travers des panels interactifs, des ateliers spécialisés et des échanges entre participants venus de toute l’Afrique et d’ailleurs.
Cette édition, organisée sous le thème « Le temps des puissances financières africaines est venu », a réuni plus de 1000 leaders du secteur financier, décideurs politiques et régulateurs issus de 40 pays. La cérémonie d’ouverture, a été marquée par la présence de figures majeures comme Nadia Fettah Alaoui, ministre de l’Économie et des Finances, Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, et Karim Zidane, ministre délégué chargé de l’Investissement.
Nadia Fettah Alaoui a mis en avant les priorités stratégiques pour bâtir un système financier africain intégré, solide et résilient, capable de répondre aux défis du continent tout en libérant son potentiel. Soulignant l’engagement du Royaume sous la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la ministre a déclaré que le Maroc ne se positionne pas comme le centre de l’Afrique, mais aspire à être au cœur de chaque Africain en partageant une ambition commune de prospérité, de justice et de durabilité. Cette vision s’appuie sur une approche collaborative, qui met en avant la nécessité d’améliorer la fluidité des capitaux pour financer des projets structurants, renforcer la solidité du système financier en favorisant la gouvernance et la régulation, ainsi que mobiliser des solutions innovantes pour soutenir le développement économique et social.
Le Sommet a également été l’occasion pour Fettah Alaoui de rappeler que l’Afrique dispose d’atouts considérables pour s’imposer comme un acteur clé dans l’économie mondiale, à condition de miser sur une meilleure intégration économique régionale, une mobilisation accrue des ressources et un accompagnement des jeunes et des entrepreneurs.
La ministre a déclaré que l’esprit de l’AFIS repose sur la transformation des institutions financières pour répondre aux aspirations des populations, en adoptant une approche inspirée des matériaux composites, alliant souplesse et solidité. Elle a ainsi mis en avant trois priorités fondamentales : la fluidité, pour optimiser la circulation des capitaux et les orienter vers des usages stratégiques accessibles à tous ; la solidité, en renforçant la régulation, la gouvernance et la résilience macroéconomique ; et la libération des énergies, à travers des financements innovants pour relever les défis de la transition écologique et de l’inclusion sociale.
Le Maroc, en tant que plateforme incontournable pour les échanges intercontinentaux et les financements novateurs, se veut un modèle d’engagement au service d’une Afrique unie et ambitieuse. Cette dynamique est portée par des initiatives comme le PAPSS (Système panafricain de paiement et de règlement), qui simplifie les transactions entre les pays africains, ou encore des investissements stratégiques dans les secteurs de l’énergie et des infrastructures.
Un panel de haut niveau a suivi, réunissant des personnalités telles que Mohamed El-Kettani, DG d’Attijariwafa Bank, Jeremy Awori, DG d’Ecobank Transnational Incorporated, Sérgio Pimenta, viceprésident de l’IFC pour l’Afrique, et Tarik Senhaji, DG de la Bourse de Casablanca.
Les discussions ont porté sur des enjeux critiques, tels que la consolidation du secteur financier, l’interopérabilité des systèmes, l’intégration des avancées technologiques et l’importance du capital humain.
L’AFIS 2024 intervient dans un contexte marqué par des défis majeurs, notamment l’inflation mondiale, les tensions géopolitiques et les pressions liées à la transition écologique. Ces défis exigent des réformes profondes pour renforcer la résilience du secteur financier africain et mobiliser les capitaux nécessaires au développement économique du continent.
Les travaux de cette édition mettent également l’accent sur l’importance de mobiliser les ressources locales pour des investissements productifs, réduire les coûts et délais des transactions transfrontalières, et renforcer les institutions financières grâce à des exigences en capital accrues. L’intégration de la main-d’œuvre informelle dans l’économie formelle via la digitalisation des services bancaires et d’assurance est aussi un sujet central, tout comme la nécessité de construire un marché boursier panafricain pour dépasser la fragmentation actuelle des marchés.
André Noir