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Louis Paul Motaze met un terme aux polémiques sur l’augmentation des prix des produits pétroliers en 2025

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La sortie du ministre Motazé vise certainement à rassurer les populations camerounaises. En effet, les supputations autour d’une nouvelle augmentation des prix à la pompe vont bon train dans le pays. Celles-ci sont consécutives à la découverte dans le projet de loi de finances 2025, finalement adopté en l’état par les députés, de la prévision du gouvernement de réduire la subvention aux carburants de 94% en 2025, passant de 263 milliards de FCFA en 2024 à seulement 15 milliards de FCFA l’année prochaine.

« Je crois que beaucoup ont vu que le soutien, c’est-à-dire la subvention pour les produits pétroliers, baisse. Et ils en ont déduit que si elle baisse, c’est parce qu’on va augmenter les prix des carburants à la pompe. Mais, c’est faux ! Ça n’existe pas dans le projet (de loi de finances). La subvention baisse parce que le prix sur le marché international baisse. Quand le prix sur le marché international baisse, il vient rejoindre un peu le prix à la pompe ici. Et à ce moment-là, nous n’avons plus besoin du soutien. Parce que le soutien survient lorsque vous avez un prix à l’international qui est élevé. Mais, comme nous ne voulons pas impacter le pouvoir d’achat des citoyens, on n’augmente pas le prix à la pompe. Du coup, vous avez un différentiel, parce que vous avez importé les produits pétroliers à un prix élevé, mais vous ne répercutez pas ce prix à la pompe. Et comme c’est l’État qui supporte ce différentiel, on l’appelle le soutien. Maintenant, si le prix à l’international baisse et qu’on n’a plus besoin de soutenir, la subvention baisse. Cela ne signifie pas qu’on va augmenter les prix», explique le ministre des Finances.

En d’autre termes, la baisse drastique de la subvention des carburants projetée par le gouvernement en 2025 repose essentiellement sur l’hypothèse d’une baisse des prix du brut et des produits pétroliers finis sur le marché international, tout au long de l’année prochaine. Selon le propos du ministre Motazé, ces prix d’achat à l’international devraient permettre de se rapprocher des prix actuellement pratiqués à la pompe au Cameroun, en y incluant la panoplie des taxes et autres redevances (une bonne trentaine, NDLR) qui, selon la structure des prix des produits pétroliers, renchérissent lesdits produits entre le port de débarquement (depuis l’incendie à la Sonara, le pays importe tous les produits pétroliers finis) et les stations-service du pays.

Au demeurant, s’il éclaire l’opinion sur les motivations de la prévision gouvernementale de réduire de 94% la subvention des produits pétroliers à la pompe en 2025, le ministre Motazé semble exclure toute hypothèse de la survenue d’un événement exogène pouvant chambouler toutes les prévisions gouvernementales, eu égard à la volatilité du marché international des hydrocarbures. À titre d’exemple, avant mars 2020 au Cameroun, il était difficile d’envisager les effets du Covid-19 sur le marché mondial, en général, et sur le marché des hydrocarbures, en particulier. Il en est de même du déclenchement, en février 2022, du conflit russo-ukrainien, dont les conséquences sur le commerce international commencent à peine à se dissiper.

Fort de ce qui précède, et en dépit de la tendance baissière des cours mondiaux des produits pétroliers finis actuellement observée sur le marché international, il n’est pas prudent de faire des prévisions reposant exclusivement sur une conjoncture favorable. Sur cette base, une évolution des cours à la hausse, suite à une conjoncture internationale défavorable en cours d’année, pourrait bien mettre le gouvernement camerounais face à un dilemme : procéder à une nouvelle augmentation des prix à la pompe, en droite ligne de l’engagement pris dans le cadre du programme économique et financier avec le FMI, qui s’achève en 2025 et pourrait éventuellement ouvrir la voie à un nouveau programme dès 2026 ; ou alors se mettre à dos cette institution de Bretton Woods, en faisant le choix d’augmenter l’enveloppe de la subvention des carburants pour éviter une hausse des prix à la pompe en année électorale, comme le subodore l’agence de notation américaine Fitch dans son dernier rapport sur le Cameroun. À ce stade, aucune de ces hypothèses n’est à exclure, même si les signaux sont pour l’instant au vert.

Rédaction
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