(BFI) – Le groupe suisse Holcim, leader mondial des matériaux de construction innovants et durables, a annoncé la vente de sa participation de 83,8 % dans Lafarge Africa au Nigeria au géant chinois Huaxin Cement. Montant de la transaction : un milliard de dollars. De son côté, Huaxin Cement poursuit son expansion en Afrique. Le groupe de Wuhan enchaîne les acquisitions sur un continent où la demande de ciment devrait croître de 77%, d’ici 2030.
Le groupe helvétique indique que ce désengagement, prévu pour être finalisé en 2025 sous réserve des autorisations réglementaires, fait partie intégrante de sa stratégie de rationalisation de ses activités et de recentrage sur des marchés jugés plus stratégiques.
Holcim a choisi de céder Lafarge Africa, acteur majeur sur le marché nigérian, pour recentrer ses efforts sur ses activités nord-américaines. Le groupe prévoit de scinder cette division et de l’introduire en Bourse aux États-Unis d’ici le premier semestre 2025. L’Amérique du Nord représente actuellement 25 % du chiffre d’affaires de Holcim et bénéficie de perspectives de croissance renforcées grâce au plan d’infrastructures de 1 200 milliards de dollars lancé par l’administration Biden.
Holcim entend tirer parti de ces investissements massifs tout en renforçant son portefeuille de produits durables, tels que le ciment à faible émission de carbone. L’investissement du groupe, en septembre 2024, dans Sublime Systems, une start-up américaine spécialisée dans les matériaux bas carbone, illustre cette ambition.
Pourtant, Lafarge Africa, deuxième producteur de ciment au Nigeria derrière Dangote Cement, affiche des résultats financiers solides malgré un environnement économique difficile. En 2023, l’entreprise a enregistré un chiffre d’affaires de 405,5 milliards de nairas (NGN), soit environ 240,5 millions $, en hausse de 8,7 % par rapport à 2022. Le bénéfice net a également progressé, pour atteindre 60,1 milliards NGN, soit une augmentation de 52,9 %. Cette dynamique s’est poursuivie en 2024, avec un chiffre d’affaires de 479,5 milliards NGN sur les neuf premiers mois de l’année, contre 289,1 milliards sur la même période en 2023.
Cependant, le marché nigérian reste marqué par de nombreux défis, notamment liés au naira. Au cours des neuf premiers mois de l’année dernière, les trois principaux producteurs de ciment du pays – Dangote Cement, WAPCO (Lafarge) et BUA Cement – avaient enregistré une hausse marquée de leurs pertes de change, qui avaient grimpé en moyenne de 441 % en glissement annuel pour atteindre un total de 135 milliards de nairas.
Malgré ce contexte défavorable, marqué par une volatilité des devises et un cadre réglementaire complexe, les trois entreprises avaient réussi à afficher un bénéfice avant impôts combiné de 478,6 milliards de nairas, soit une croissance moyenne de 15,28 % par rapport à l’année précédente.
Huaxin Cement s’implante davantage sur le continent
Pour Huaxin Cement, cette acquisition renforce sa stratégie d’expansion en Afrique. En 2021, le groupe chinois avait acquis une participation de 75 % dans Lafarge Zambia ainsi que l’intégralité de Lafarge Cement Malawi. L’année suivante, il avait ajouté à son portefeuille la Natal Portland Cement Company en Afrique du Sud. Avec l’achat de Lafarge Africa, Huaxin Cement consolide sa présence sur un marché africain en plein essor, où la demande en matériaux de construction est portée par une urbanisation rapide et d’importants projets d’infrastructure.
Avec une population de plus de 200 millions d’habitants, qui devrait atteindre 400 millions d’habitants d’ici 2050, le Nigeria est le pays le plus peuplé d’Afrique et l’un des plus gros consommateurs de ciment du continent, avec une demande estimée à 30,5 millions de tonnes en 2023 et des projections de consommation pouvant dépasser 50 millions de tonnes par an d’ici 2030.
Huaxin Cement mise sur les besoins croissants en infrastructures pour alimenter sa croissance. Selon la Banque africaine de développement, le continent nécessite chaque année entre 130 et 170 milliards de dollars d’investissements en infrastructures, une opportunité pour les entreprises du secteur. En Afrique subsaharienne, la demande mondiale de ciment est promise à une croissance de 77 % d’ici 2030, alors que selon la World Cement Association, elle devrait rester stable à l’échelle mondiale sur la période 2024-2030.