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Au Maroc, les banques et la dette publique font face à un équilibre délicat

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Le secteur bancaire fait face à un défi croissant : son exposition grandissante à la dette publique. Cette situation, observée depuis plus de dix ans, suscite des inquiétudes quant à la capacité du système financier à résister à d’éventuels chocs économiques. En 2024, cette situation s’est accentuée. Selon le rapport «Finance and Properity 2024» publié par la Banque mondiale, l’exposition des banques marocaines à la dette publique a augmenté de près de 40% entre 2012 et 2024.

Les banques détiennent désormais une part considérable de titres de dettes émis par l’État, ce qui les rend de plus en plus dépendantes de ce dernier comme principal emprunteur. Cette situation, bien qu’apparente comme un levier de stabilité en temps de croissance économique, se transforme en source de risque en cas de détérioration des finances publiques.

Hachimi Alaoui, expert en économie financière et professeur à l’université Ibn Zohr à Agadir, explique que les risques ne se limitent pas à la dette de l’État, mais s’étendent également aux entreprises publiques, particulièrement affectées par la hausse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires. La forte interconnexion entre les banques et la dette publique pourrait engendrer un effet domino en cas de choc budgétaire, menaçant la stabilité financière globale. Cette dépendance accrue a également été mentionnée dans le récent rapport de l’agence de notation américaine Moody’s Ratings  : «une hausse plus marquée et plus soutenue de la dette publique marocaine pourrait exercer une pression à la baisse sur le crédit. Cela pourrait être le résultat d’un choc futur ou de demandes de dépenses plus importantes que prévu actuellement, liées à des projets d’infrastructures de grande envergure ou à des réformes ambitieuses de la sécurité sociale. La cristallisation des risques de passif éventuel émanant des entreprises publiques ou du secteur bancaire affaiblirait également la solidité budgétaire du Maroc et pèserait sur la notation».

Les régulations actuelles encouragent les banques à détenir des bons du Trésor, considérés comme des placements sûrs, avec en toile de fond un système financier exposé à un risque souverain accru. «L’évolution des finances publiques est cruciale, car si l’État connaît des difficultés, le secteur privé pourrait subir une baisse de l’accès au crédit», prévient le professeur Alaoui. Ledit rapport met donc en garde contre cette dépendance accrue à la dette publique. L’un des principaux reproches adressés au Maroc est le manque de diversification des actifs bancaires. Une trop grande concentration sur les titres de l’État, au détriment des crédits au secteur privé, limite la capacité des banques à soutenir l’innovation et la croissance des entreprises privées, essentielles pour dynamiser l’économie.

Recommandations pour un système financier plus résilient

Pour atténuer ces risques, la Banque mondiale recommande une série de réformes. La transparence des expositions à la dette publique doit être renforcée, avec une obligation pour les banques de publier régulièrement des informations détaillées sur leurs avoirs en titres d’État. Cela permettrait une meilleure évaluation des risques et une gestion plus prudente. De plus, il est essentiel de diversifier les actifs des banques. Le développement de nouveaux produits financiers, comme les obligations vertes ou des assurances contre les risques climatiques, pourrait aider les banques à réduire leur dépendance aux titres de l’État tout en soutenant des objectifs de développement durable.

La diversification permettrait également de mieux absorber les chocs économiques tout en participant à des projets à long terme favorisant l’économie verte. La promotion des partenariats publics-privés pour le financement de grands projets d’infrastructures pourrait également offrir aux banques des alternatives viables pour équilibrer leurs portefeuilles. La relation entre la dette publique et le secteur bancaire souligne la nécessité de réformes importantes au Maroc. « La dette publique est un outil pour financer le développement, mais elle ne doit pas devenir un talon d’Achille pour les banques », rappelle le professeur Hachimi Alaoui. 

Rédaction
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