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Le patronat camerounais fait sa rentrée économique

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« La « Rentrée économique du Patronat», se veut un moment d’échange convivial entre la presse et le Patronat, que nous envisageons tenir tous les ans, au mois de septembre, pour poser un regard critique et constructif sur les évolutions et les enjeux de l’économie de notre pays » a introduit Célestin Tawamba, Président de l’institution patronale pour planter le décor sur ce qui sera désormais le rendez-vous annuel auquel il faudrait s’habituer.

Sans langue de bois, le Président Tawamba a passé en revue « les principaux défis et contraintes » qui minent et plombent l’économie camerounaise et a fait quelques suggestions « pour la mise en place d’un environnement propice et plus compétitif aux affaires, en mettant en exergue, les avancées significatives relevées ». Célestin Tawamba a relevé que cette rencontre se tient « dans un contexte général difficile pour les entreprises et pour les populations » au regard des dommages subit dans la partie septentrionale du Cameroun victime des inondations en raison d’importantes pluies diluviennes qui ont occasionné de nombreux dégâts matériels et des pertes humaines.

S’agissant des performances économiques du Cameroun, il ressort, selon le Président que les objectifs sont largement en deçà des prévisions fixées la DSCE et la SND30. « D’un objectif de croissance de 5,5 % sur la période 2010 – 2020, et de 6,6 % sur la période 2021 – 2025, nous avons réalisé une croissance économique moyenne de 4,0 % sur la période 2010 – 2020, et de 3,8 % sur la période 2021 – 2023, respectivement en deçà de 1,5 points et 2,8 points de ses objectifs » déplore l’institution patronale. « En dépit tout ce qui précède, le FMI envisage une légère progression de la croissance économique, pour s’établir à 4,2 % en 2024 contre 4,0 % en 2023 ». Celle-ci proviendrait du secteur secondaire en raison de la mise en service du barrage hydroélectrique de Nachtigal qui devrait profiter au secteur industriel malgré la baisse de la production du secteur extractif consécutive à la diminution de la production pétrolière.

Selon le Gecam, « le premier semestre 2024 a été également marqué par la baisse de la commande publique et le durcissement des conditions d’accès aux marchés publics. Les difficultés financières de l’Etat liées notamment au remboursement de la dette publique l’ont contraint à réduire ses engagements notamment la commande publique. Par ailleurs, la circulaire du MINMAP relative aux cautionnements sur les marchés publics a durci les conditions d’accès aux PME locales qui sont moins liquides par rapport aux Entreprises à capitaux étrangers ».

Soulignant les principaux défis relatifs à l’environnement des affaires, Célestin Tawamba a salué les efforts fournis par le gouvernement dans l’amélioration du système fiscal à travers la dématérialisation des procédures fiscales, la mise en œuvre d’un certain nombre de mesures dans le cadre de la politique d’import-substitution, la mise en place du partenariat fiscal intégré pour amener certains contribuables vers le secteur formel etc. Mais cependant, le système fiscal demeure « oppressif » pour les entreprises du secteur formel en raison du taux d’imposition effectif payé « notre système fiscal conduit à payer des taux effectifs de 60 à 80%, il fait payer l’impôt aux entreprises naissances et même à celle qui font des pertes » déplore le Président du patronat.

Dans ce chapelet de défis à égrener et au-delà de la fiscalité, le Président Tawamba a relevé les effets poussifs de la parafiscalité donc la loi des finances 2024 a mis en exergue une myriades des taxes touchant quasiment tous les secteurs d’activités et tous les services rendus par les Administrations publiques, la politique d’incitation aux investissements qui doit être repensé, selon le Gecam, car, depuis sa promulgation en avril 2013, le Cameroun a adopté de nouvelles politiques publiques et réformes ayant des incidences sur l’investissement en particulier. L’ensemble de ces éléments a rendu caduque plusieurs dispositions du cadre réglementaire sur les incitations aux investissements qui se trouvent être en déphasage avec ces nouvelles orientations gouvernementales.

On note également le déficit énergétique donc les investissements devraient se densifier pour améliorer la situation actuelle. A cela s’ajoute le manque criard des infrastructures routières donc pour celle existante, la chaussée est savamment dégradée ce qui entraine d’importants ralentissements dans la circulation avec très souvent des immobilisations des véhicules pouvant excéder plusieurs jours. « Le seul moyen de transport aujourd’hui qui les relie en toute sécurité au reste du pays est l’avion ; mais à un prix prohibitif et hors de portée. Toutes ces choses compromettent les efforts du Gouvernement et du secteur privé en matière de lutte contre l’inflation et freine le développement » souligne le Gecam.

Les défis relatifs au numérique, à la fuite des compétences vers le Canada, Le Patronat camerounais se dit particulièrement préoccupé par cette migration massive de nos travailleurs qualifiés donc « près 6000 camerounais ont immigré au Canada » entre janvier et avril 2024. Puis les défis liés au foncier. Selon le patronat, La procédure d’obtention d’un titre foncier au Cameroun est très longue, assez coûteuse, et très peu sécurisée. « En 2021, la justice a recensé plus de 9 000 faux titres fonciers au Cameroun. Cette situation est responsable d’une véritable insécurité foncière qui se caractérise par une double voire triple immatriculation pour une même parcelle de terrain » dénote Célestin Tawamba.

En marge de tous les défis relevés ci-dessus, on constate pour le déplorer une sorte de léthargie dans la prise de décision par les pouvoirs publics. En total déphasage avec les challenges qui sont nombreux et urgents, les décisions quand elles sont prises, le sont tardivement. Ce qui n’a aucun impact sur la problématique qui a évoluée avec le temps. Conséquence on stagne. On fait trop peu et trop tard.

André Noir

Rédaction
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